Le pourrissement paraît inévitable dans le secteur de l'éducation. L'envoi de mises en demeure aux enseignants grévistes et la menace de ponction sur salaires n'ont nullement dissuadé les syndicats autonomes. Ils dénoncent les méthodes répressives du département de Baba Ahmed et maintiennent intacte leur mobilisation. Nawal Imés - Alger (Le Soir) La seconde semaine de grève dans le secteur de l'éducation s'achève dans une ambiance des plus tendues. Les menaces que fait planer le département de l'éducation sur les enseignants grévistes n'a pas du tout été du goût des syndicats qui dénoncent des pratiques en contradiction avec la législation du travail. Le ministère de l'Education a en effet laissé entendre que des mises en demeure seraient envoyées aux enseignants grévistes, en vue d'un licenciement au terme de la troisième mise en demeure. Les grévistes sont également sous le coup de la menace de ponctions sur salaires. Inadmissible ! Commentent les syndicats autonomes qui accusent Baba Ahmed de violer les lois de la République en matière de gestion des conflits de travail. Le coordonateur national du Snapest est formel : ces pratiques vont certainement envenimer une situation déjà assez compliquée. Meziane Meriane confie que cela lui rappelait une situation similaire déjà vécue en 2003 où la grève avait duré plus d'un mois. Ce ne sont, dit-il, ni les mises en demeure, ni les ponctions sur salaires qui vont mener vers l'apaisement. Et d'ajouter que si le ministère de l'Education avait réellement l'intention de dialoguer, il avait toute la latitude d'inviter de manière officielle les syndicats à une réunion de travail. Au terme de trois jours de grève, le Snapest réunira ses instances ce week-end pour décider des suites à donner à son mouvement. Même indignation du côté du Cnapest. Son premier responsable affirme que les «subordonnés» du ministre de l'Education veulent pousser vers le pourrissement. Pointant un doigt accusateur, il considère que ce département a failli à sa mission et tente aujourd'hui d'en faire porter la responsabilité aux syndicats autonomes. Larbi Nouar rappelle que c'est ce même ministère qui s'est discrédité en apportant la preuve qu'il était incapable de tenir ses engagements et tente aujourd'hui de discréditer la justice en y recourant pour statuer sur la légalité de la grève. N'ayant reçu aucune notification de la part de la justice, le Cnapest poursuit son mouvement de grève d'une journée renouvelable, de manière automatique. Du côté de l'Unpef, la grève entamait hier son onzième jour. Le syndicat de Sadek Dziri s'insurgeait hier, contre les pratiques du ministère de l'éducation et considère qu'au moment où la famille de l'éducation était dans l'attente d'un signe d'apaisement, une batterie de mesures punitives est venue s'abattre sur les grévistes. L'Unpef s'insurge contre les pratiques du ministère de l'éducation qui a fait l'impasse sur les directions syndicales, en s'adressant directement aux travailleurs dans leurs établissements. Les tentatives d'isoler la direction de sa base sont inutiles, prévient le syndicat. C'est dire qu'entre les syndicats autonomes et le ministère de tutelle, l'apaisement est loin d'être à l'ordre du jour.