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Enquête-Témoignages
L'école buissonnière ou l'autre façon d'apprendre la vie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 02 - 2014

Anecdotes scolaires ou vraies dérives, l'école buissonnière est vécue différemment d'une personne à une autre. Pour les uns, cette expérience a été un moment de liberté ou de loisir ; pour d'autres, ces escapades scolaires étaient une véritable échappatoire ou un appel au secours. Il y en a même qui l'ont considérée comme une autre façon d'appréhender l'avenir ou d'apprendre un métier.
Souhil Z., agent administratif, la trentaine : «j'ai pu me faire de l'argent de poche»
A l'énoncé de notre question, Souhil esquive et tente de ne pas y répondre. Eh oui, futur papa, il ne veut surtout pas donner le mauvais exemple. «Vous savez, j'étais très jeune, et avec du recul, je me dis que j'ai échappé à beaucoup de mauvais coups. Je me dis que Dieu m'a protégé.» Pour Souhil, l'école buissonnière a commencé par hasard : «J'ai vu des camardes au Cem qui, un jour, ont décidé de ne pas entrer au collège. J'ai fait comme eux et je suis resté devant le portail de l'établissement. Et puis, j'ai continué à le faire même seul. Cela me prenait quelques jours sans raison valable. Et puis, j'ai commencé à traîner avec un voisin qui a décidé de quitter le collège. Il voulait être manœuvre. Il y avait des jours où je le suivais sur les chantiers. Tout en poursuivant mes études, je séchais souvent les cours, c'est comme ça que j'ai très bien appris le métier d'électricien.» La réaction de ses parents a été explosive : «Lorsque mes parents recevaient des convocations de l'école, je m'arrangeais toujours pour que ma mère s'y rende seule. En cours de route, je lui racontais que tel professeur me faisait des misères ou bien que mes camarades étaient méchants avec moi, qu'ils me jalousaient. Au CEM, ces arguments fonctionnaient très bien. Mais il faut dire que je ne m'absentais pas souvent. En revanche, au lycée, il m'arrivait de ne pas me rendre en classe pendant une semaine, voire un mois. Mon père entrait dans des colères noires. Il ne comprenait pas pourquoi je ressentais le besoin d'aller traîner dans les chantiers, à vouloir à tout pris me faire de l'argent alors qu'il m'en donnait. Avec du recul, je me pose aujourd'hui les mêmes questions.
Ce n'est qu'une fois avoir raté mon baccalauréat que j'ai arrêté de faire l'école buissonnière. Je me suis mis sérieusement à mes études. J'ai vu de très près la déception de mes parents.
Ils m'ont tout donné sans que je puisse rien leur offrir au retour.» Anecdotes scolaires ou vraies dérives, l'école buissonnière est vécue différemment d'une personne à une autre. Pour les uns, cette expérience a été un moment de liberté ou de loisir ; pour d'autres, ces escapades scolaires étaient une véritable échappatoire ou un appel au secours.
Il y en a même qui l'ont considérée comme une autre façon d'appréhender l'avenir ou d'apprendre un métier. d'être nostalgique, Souhil finit son récit sur une pointe positive : «Mais bon, j'ai maintenant une licence et un vrai savoir-faire entre les mains et je suis un très bon électricien.»
Halim O., la quarantaine, métier libéral : «Je ne voulais pas être le lâche de la bande»
Halim assume pleinement les expériences vécues lors de l'école buissonnière. En présence de ses trois enfants, il témoigne avec un langage codé. «Je suis très sévère avec eux. Je ne veux pas leur donner des idées ou casser l'image que je donne de moi en leur présence», explique-t-il quant à sa façon de témoigner. «Vous savez, lorsqu'on habite un quartier populaire, il est important de suivre ce que font les autres, sinon, vous êtes automatiquement stigmatisé ou mis à l'écart. J'ai commencé à suivre mes amis dans l'école buissonnière dès le primaire. Cela était fréquent après les examens de fin d'année. Et puis, cela s'est poursuivi au CEM et au lycée. Je ne voulais tout simplement pas être le lâche de la bande, quitte à avoir des problèmes avec mes parents par la suite. Mes parents en souffraient énormément, mais je ne le voyais pas. Ce qui comptait pour moi, c'était d'être accepté par mes amis et copains. Je peux même dire que je faisais en sorte d'être le leader», poursuit Halim. Et pour conclure :
«Vous savez, j'ai bien tourné par rapport à mes amis. Mes parents ont pu bien m'encadrer à la fin du cursus secondaire et même à l'université. Heureusement pour moi. Mais je garde du bon et du mauvais de l'école buissonnière. Le mauvais : j'ai appris à fumer et à faire des bêtises ; le bon, les souvenirs vécus avec mes amis.»
Nawel M., 40 ans, profession libérale : «Je lançais un SOS»
«Ah! l'école buissonnière.» C'est en ces termes que Nawel entame son récit. «Oui, j'ai fait l'école buissonnière au lycée. Sans bande, sans influence, sans rien. Je le décidais toute seule lorsque cela me plaisait. Je pense que je le faisais pour enrager mes parents, surtout ma mère. Je ne faisais rien de mal. Je n'entrais pas à l'établissement et je restais devant le portail à regarder les gens passer. Je voulais que ma mère s'occupe de moi.
Elle n'arrivait pas à comprendre que ce n'était pas le fait de me déposer le matin et de me récupérer le soir qui prouve qu'elle s'intéressait à moi.
Il m'arrivait même d'entrer à l'établissement, d'assister au premier cours et d'en resortir par la suite. Lorsque mes parents ont reçu la première convocation, ils m'ont tout simplement lessivée. Je me disais enfin, j'existe. Dès que je me remettais à travailler et que je ne leur causais plus de problèmes, ils ne me voyaient plus. Alors, je récidivais.» Par la suite, Nawel intègre une bande de jeunes filles plus âgées. «Je me disais que mes parents ne s'occupaient pas assez de moi, alors autant intégrer une bande d'amies. Je faisais comme elles.
Je traînais avec elles, je me rendais avec elles à leurs rendez-vous galants. Cela me faisait peur mais en même temps m'attirait. C'est à ce moment-là que ma mère s'est rendu compte que je changeais de comportement. Un beau jour, elle s'est présentée au lycée sans rendez-vous et bien sûr je n'y étais pas.
Elle est restée à m'attendre toute la journée devant l'établissement et elle a vu la bande d'amies que je fréquentais. Elle est restée calme sans rien me dire. Elle a pleuré en silence. Quelques jours plus tard, mes parents ont décidé de me transférer vers un autre établissement sans aucune remontrance. Ma mère est devenue très proche de moi. Elle a compris que je lançais un SOS. Heureusement, il a été entendu.» n


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