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Fondateur de l'Etoile nord-Africaine (ENA) et grande figure du nationalisme algérien Célébration du 54e anniversaire de la mort d'Imache Amar à Tizi-Ouzou
La rencontre organisée samedi dernier à la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, à l'occasion de la célébration du 54e anniversaire de sa mort, éclaire d'un nouveau jour le parcours d'Imache Amar, l'un des pionniers du mouvement nationaliste algérien et fondateur du premier parti politique nationaliste algérien au début du XXe siècle. La modernité de la pensée politique de l'homme qui portait un regard lucide et une analyse pertinente sur les transformations et les contradictions socio-historiques du début du XXe siècle et qui était un africaniste convaincu et qui, en outre, militait pour l'instauration d'une fédération des Etats de l'Afrique du Nord ont été évoquées par, entre autres, l'universitaire Saïd Douman et l'ancien moudjahid et secrétaire général de l'ONM de Tizi-Ouzou, Ouali Aït Ahmed. Saïd Aït Mébarek— Alger (Le Soir) —Fondateur de l'Etoile nord africaine (ENA) et figurant parmi les pionniers du nationalisme algérien dans les années 1920, Amar Imache a été célébré par sa famille, son village et la Direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou. Une occasion de revenir, 54 ans après sa mort le 7 février 1960 (il est né le 7 juillet 1889) sur le parcourt et l'apport considérable de ce militant de la première heure à la construction du nationalisme algérien, dans une journée d'étude organisée les vendredi et samedi derniers, à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri. Ancien militant du MCB et enseignant à l'Université de Tizi-Ouzou, Saïd Doumane parlera de la modernité politique d'Imache Amar. Un thème qu'il abordera après un bref survol biographique de ce montagnard Kabyle né à Aït Mesbah, dans la commune de Béni-Douala qui n'a commencé sa scolarité qu'à l'âge de 8 ou 9 ans. Une scolarité qu'il ne mènera pas à son terme puisqu'il sera obligé de subvenir aux besoins de sa famille en allant travailler, d'abord, dans les vergers de la Mitidja puis en France, dans les mines du Pas-de-Callais, au début de la Première Guerre mondiale. Des mines de charbon de cette région du Nord de la France, A. Imache connaîtra une mobilité qui le mènera, à travers de nombreuses villes et sites ouvriers jusqu'à Paris. Sa fréquentation du monde syndical et son intérêt pour les luttes ouvrières forgeront son éveil politique et son intérêt pour l'actualité politique de l'époque. L'homme s'est employé à parfaire son potentiel intellectuel, somme toute modeste par une formation d'autodidacte. Ces acquis ne lui permettront pas seulement d'être un activiste politique et syndical mais un producteur d'idées, signe d'une pensée politique léguée à la postérité à travers des écrits élaborés et de haute densité intellectuelle et politique. Un aspect du parcours et une dimension du personnage qui restent malheureusement peu connus et très peu médiatisés et sur lesquels s'est penché l'universitaire Saïd Doumane. S'appuyant sur des références bibliographiques (écrits d'Imache Amar et autres documents d'archives), le conférencier relèvera plusieurs indices qui attestent de la pertinence de la pensée politique et de l'ancrage actuel des idées menées de pair avec l'action de terrain d'A. Imache. L''intérêt porté aux grandes idées politiques et idéologiques qui faisaient débat et qui agitaient le monde à l'époque sont des signes qui attestent d'une pensée ouverte sur l'universel, analysera Saïd Doumane qui a mis en évidence l'ancrage et l'immersion dans le contexte local du fondateur de l'ENA qui était interpellé par les contradictions sociopolitiques que vivaient les Algériens dans leur condition de colonisés. Imache Amar critiquait les élites locales compromises dans le jeu politique, notamment, les élites autochtones qui siégeaient à l'Assemblée française et celles qui prêchaient l'assimilation, à l'instar des personnalités et des notabilités religieuses. Dans la matinée, Slimane Dahlal auteur de recherches en histoire et Ouali Aït-Ahmed, secrétaire général de l'ONM et officier de l'ex-Wilaya III historique ont abordé les raisons du clash qui l'a opposé à Messali Hadj qui, aux dires de l'ancien moudjahid s'est incrusté «par un mystérieux subterfuge» à la tête de l'ENA, après avoir poussé à la sortie l'Emir Khaled qui en était le président d'honneur. Messali et Imache Amar divergeaient sur deux principes essentiels. Le premier, défendu par Imache, a trait à la nécessité d'aboutir au plus vite à l'indépendance de l'Algérie, contrairement à Messali «qui faisait tout pour adoucir les ardeurs indépendantistes des militants, exactement comme lors de la préparation de la révolution armée de 1954», témoignait Ouali Aït Ahmed. Les deux hommes divergeaient aussi sur l'ancrage identitaire du peuple algérien. Contrairement à Messali Hadj qui défendait les références arabo-islamiques de l'Algérie, sous l'influence des pères fondateurs de l'arabisme, doctrine qualifiée de sœur siamoise du sionisme, par Slimane Dalal qui rappellera que les colonialismes français et britannique ont été les inspirateurs et les mentors de ces deux idéologies. Amar Imache, a témoigné le même conférencier, était un africaniste convaincu. La principale revendication de l'ENA était, au demeurant, l'instauration d'une fédération des Etats nord-africains où chaque Etat fera prévaloir ses spécificités culturelles, socio-historiques originelles. Autrement dit, Amar Imache qui tentera de créer, après avoir quitté l'ENA et sa dissolution par le gouvernement français dominée par le Front populaire, tentera dans les années 1930, de créer le PUA, Parti de l'unité algérienne. Cette organisation politique qui sera interdite par l'administration coloniale défendait les mêmes références identitaires chères au fondateur de l'ENA qui défendait le principe de l'unité du peuple algérien dans une Algérie algérienne. Ces idées qui étaient à la base du nationalisme naissant et de la pensée politique incarnée par ses principaux pionniers et pères fondateurs du début du XXe siècle, ont été ostracisées et escamotées. A l'instar d'ailleurs, de Imache Amar, l'homme dont le combat et l'apport pour la construction du nationalisme algérien qui a ouvert la voie à l'indépendance du pays sont oubliés par l'historiographie officielle. Les deux journées d'étude qui lui ont été consacrées écalaient d'un nouveau jour un parcours, des idées, des principes qu'il a défendus jusqu'à sa mort restent toujours d'actualité.