La lecture de la réponse du Premier ministre à une question d'un député sur la non-comptabilisation de la période du service national pour ce qui est de la retraite proportionnelle ou anticipée, dont a fait état votre journal dans son édition du mardi 4 février 2014, me paraît en dessous d'une perception juste des enjeux de cette question, alors que l'argument de l'équilibre financier de la Sécurité sociale ne tient pas la route, à mon avis, pour les raisons que je vous donnerai plus loin. 1- Le bénéfice de la retraite serait «une mesure exceptionnelle», mais je ne vois pas en quoi. Dans le temps ? Elle dure depuis 1997 et il n'y a pas de date prévue pour sa suppression, ni dans le programme du gouvernement ni ailleurs. En tant que mesure ouvrant une possibilité de départ à la retraite avant l'âge légal de 60 ans, et l'Etat mettrait la main à la «poche» pour la soutenir ? Pas du tout, le retraité, version proportionnelle ou anticipée, ne coûte rien à l'Etat, la CNR lui mandatant, au même titre que tout autre retraité, sa pension calculée sur la base des années fixées par l'article 6 bis de l'ordonnance 97-13, à partir des cotisations des salariés et des employeurs à la Sécurité sociale ! Et si le retraité version anticipé continuait à être «pris en charge» par la Caisse nationale d'assurance-chômage, Cnac, qui se substitut à son ex-employeur, pour payer une cotisation annuelle auprès de la CNR, afin qu'il perçoive, une fois l'âge de 60 ans atteint, une retraite complète de 80%, celle-ci puisera dans ses fonds faits d'une part des cotisations des salariés et des employeurs qui lui sont versées, comme elle en puisera pour payer une contribution forfaitaire à l'admission de ce type de retraité à la CNR ! Mais au fait que coûte le rajout de cette période à la CNR ? Certainement pas la part que lui verse l'Etat, sur décision de M. le président de la République, de recettes de la fiscalité pétrolière, et qui font d'elle une bien riche caisse ! 2- Quelle déception de noter que les enjeux de ce «minuscule» avantage que revendiquent bien des travailleurs ayant contribué à l'édification du pays, comme la route transsaharienne, le barrage vert, le service effectué auprès d'institutions publiques, et bien d'autres, ne sont pas perçus à leur juste valeur, et que la persistance d'une telle exclusion fait une très mauvaise publicité à l'institution du service national, et à l'enrôlement des jeunes au sein de l'armée pour y servir le pays, alors qu'en face, ceux qui ont pris les armes contre ce même pays et ces institutions, et détruit bien des réalisations qui faisaient la fierté de l'Algérie, ont bénéficié d'une couverture du Trésor public pour être versée dans la retraite, en payant les cotisations de la Sécurité sociale, de la période de cessation de «fonction» dans les emplois qui les occupaient, avant leur rébellion contre la République ! «Soyez fiers d'avoir servi votre pays !» Je ne suis pas contre, si c'est le prix à payer à la paix dans notre pays, mais que de l'autre côté, la mesure qui frappe le service national soit levée et que la CNR justifie de son mérite à une part de la fiscalité pétrolière, par cette «servitude» que lui imposera la nation en reconnaissance à ceux qui l'ont réellement servie ! 3- L'argument «équilibre financier» est bien acceptable, si dans une approche prévisionnelle, qui mettrait dans la balance toutes les recettes de la Sécurité sociale au bénéfice exclusif de celle-ci, le risque d'un «effondrement» de la CNR serait réel. Or, que l'on cesse de «puiser» dans les cotisations des salariés et des employeurs, lesquelles devraient être exclusivement destinées aux dépenses réelles de la Sécurité sociale «pour compenser les salariés et leurs ayants droit de toute perte temporaire ou permanente du salaire», selon leur définition universelle. C'est le cas, par exemple, des ponctions forfaitaires faites au profit des hôpitaux (54 milliards de dinars pour 2014 !) pour assurer la médecine gratuite pour tous les Algériens, ou l'implication de la Cnac dans un dispositif de création d'emplois pour son propre compte, et qui finance des projets des promoteurs, les études de faisabilité et tout le soutien administratif et d'accompagnement par ses ressources qui ne sont autres que des cotisations de la Sécurité sociale ! Un dispositif dans lequel les salariés, qui contribuent aux fonds de la Cnac, constituent une infime partie et que la majorité de ceux qui y souscrivent n'ont pas mis un sou dans ces fonds ? La création de l'emploi, au même titre que la médecine gratuite, ne sont-elles pas des prérogatives de la puissance publique ? Et les ressources de celle-ci ne sont-elles pas issues de la fiscalité ? Dans laquelle les salariés sont ponctionnés à la source, et bien de gros contribuables naviguant sereinement dans l'océan de l'évasion fiscale ? Je n'arrive à ne plus rien comprendre dans cet imbroglio, sauf que j'ai une confiance totale en la justice de mon pays qui a déjà rétabli bien des retraités dans leur droit au comptage des années du service national, même si ceux-ci ont payé les honoraires de leur avocat avec l'argent de leur pension, et que la CNR a payé les siens avec les cotisations des salariés ! Bon courage les amis et soyez fiers d'avoir servi votre pays par le service national !