De notre bureaux de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Discrètement, dignement, Jacques Nagels, le porteur de valises et le scribouillard du Front du Nord, quitte ce monde. Ses amis, anciens étudiants, maquisards du FLN, de «l'intérieur» ou de la Fédération de France, résistants lors de la Seconde Guerre mondiale, membres de l'exécutif gouvernemental belge, de simples citoyens, ont tenu à lui rendre de vibrants hommages. Chacun à sa façon. Dépôt de gerbes de fleurs ; articles de presse ; condoléances transmises directement à des membres de sa famille...La mort — le départ serait le terme convenu pour cet amoureux de la vie et des causes justes — est un moment de rencontres et de relation de souvenir aussi. Susy Rosendor, grande amie et complice devant l'Eternel de Jacques Nagels, a ameuté le village dès l'annonce du décès du juste, du Grand Homme. Elle-même a participé aux combats : soutien de l'indépendance de l'Algérie, notamment. Arrêté à la frontière française, Jacques Nagels a fait de la prison avec les indépendantistes algériens, les militants du FLN, ceux de la Fédération de France. Beaucoup parmi eux se souviennent de lui comme si c'était hier. «Jacques, c'était notre "intellectuel", il écrivait toutes nos lettres. Elles étaient nombreuses et longues.» «C'était un grand monsieur, il nous lisait en prison tout ce qui avait trait à l'Algérie, à la guerre d'Algérie, c'était notre voix intérieure qui nous permettait de rester au contact de l'extérieur.» «Pour moi, nous dira un autre témoin, Jacques était un Algérien comme nous. Il s'est battu, comme nous, pour l'indépendance de l'Algérie, a souffert comme nous et a fait de la prison comme nous... Allah yarahmou».Il y a peu de temps et grâce aux Amitiés belgo-algériennes (LABA), plusieurs représentants du Front du Nord, réseau d'Européens acquis à l'indépendance de l'Algérie, avaient témoigné de leurs actions et de leur apport à Saint-Josse (Bruxelles), Jacques Nagels y était. Comme Philippe Moureaux, ex-ministre, ex-bourgmestre (maire) et membre influent de la direction du Parti socialiste belge. Serge Moureaux, son frère, l'un des plus célèbres avocats du FLN, ne pouvait être présent parce que malade. La mort de Jacques Nagels est un coup rude pour lui.