Ahmed Benbitour renonce à se porter candidat à l'élection présidentielle. Il dit être arrivé à la conviction que les urnes ne seront que «leurre» et «piraterie légalement soutenue». L'ancien chef du gouvernement annonçait hier son retrait. Il rejoint le front du boycott et fait part de son intention de prendre part à toute initiative pacifique pour que se fasse le changement. Nawal Imès - Alger (Le Soir) A moins de 24 heures de l'expiration du délai du dépôt des candidatures, Ahmed Benbitour annonce son retrait de la course. L'ancien chef du gouvernement avait pourtant réussi à collecter les signatures exigées pour pouvoir prétendre à la candidature. Procès-verbal d'huissier à l'appui, il affirme avoir récolté 85 075 signatures dans 29 wilayas. Son retrait n'est donc motivé que par la certitude que l'élection est d'ores et déjà verrouillée et que son issue avait été déjà tranchée par une administration qui a choisi son candidat. Benbitour avertit cependant, que le retrait ne signifie nullement un repli. Au contraire, il appelle au boycott et fait part de sa «solidarité active» avec des «partenaires politiques qui ont lancé un appel au boycott». Il fait part de son intention de prendre part à des actions pacifiques en faveur du boycott et du changement de régime. Benbitour s'est dit, hier, convaincu que «les urnes ne seront qu'un leurre et une piraterie légalement soutenue». Il avait été le premier à annoncer sa candidature avant de constater que «la persistance de la fermeture des canaux les plus efficaces pour la mobilisation du peuple autour des idées et des actions de la sauvegarde de la nation algérienne». Il dénonce l'usage inconsidéré des deniers publics, le maintien d'un gouvernement dont les membres sont «notoirement connus pour leur allégeance au candidat-président, la défaillance des mécanismes de régulation par l'instrumentalisation de la justice, la vassalisation de l'administration, la confiscation des médias audiovisuels publics» qui font de cette élection «une rupture du pouvoir avec le peuple». Benbitour constate qu'«une fois de plus, les forces de la fraude auront pris le dessus sur l'argumentation convaincante» et que «la légalité et la constitutionalité ont été bafouées». S'adressant à tous ceux qui ont cru en son projet, l'ancien chef du gouvernement dira que le combat doit continuer. Il appelle à la mise en place d'instruments pour la poursuite de leur engagement politique et insiste sur la nécessité de mener «des actions politiques d'envergure avec la forte mobilisation du peuple». Il leur propose la préparation d'une feuille de route pour définir quelle forme devra prendre le changement de système avant la mise en place d'un pacte social qui servira de base à une nouvelle Constitution qui bannira le monopole du pouvoir par des groupes «immoraux» ou «incompétents» et le détournement de l'Etat au profit d'intérêts privés. Pour la réussite de ce projet, il mise sur une large mobilisation populaire.