Arbitre fédéral, Khaled Saâdi a décidé, en novembre 2013, de mettre définitivement son sifflet dans le tiroir après une carrière longue de plus de deux décennies. Sa décision avait, expliquait-il, pour motivation première son ras-le-bol devant l'injustice des responsables de la CFA présidée par Belaïd Lacarne. Une forme de désaveu à une structure qui, à ses yeux, fonctionne «à la tête du client». Dans sa dernière lettre publiée par la presse, le 13 novembre 2013, le natif d'Akbou criera sa colère devant l'injustice et l'incompétence de ceux qui dirigent cette Commission. «Pour l'injustice que j'ai vécue avec cette instance fédérale (CFA), je crois que vous êtes incapables d'affronter les contenus de mes lettres que j'ai adressées à la CFA, car j'ai dévoilé uniquement les vérités et les réalités de vos complots. Bien, donc, vous allez utiliser les moyens du diable avec toute légitimité par l'application d'un règlement élastique à la tête du client et envoyer les fameuses marionnettes des évaluateurs pour réaliser le sale boulot indiqué par cette structure, afin de faire monter leur arbitre proche de leur clan. Et le comble, c'est que le pouvoir de décision est entre leurs mains. Et je confirme que tu ne trouveras jamais, dans le monde entier, une mafia aussi bien organisée et qui parle le même langage, comme celle qui gouverne l'arbitrage algérien», s'est-il écrié en montrant du doigt le président de la Commission fédérale des arbitres. Le dossier semblait jeté dans les poubelles de l'histoire. Mais voilà, six mois plus tard, Khaled Saâdi reprend son «combat» pour dénoncer non pas le président de la CFA, Belaïd Lacarne, mais ceux qui ont présidé à la campagne qui a incité la FAF à retirer à l'enfant de la Mekerra la prérogative de désigner les referees des matches des championnats de Ligues 1 et 2. Pourquoi une telle (nouvelle) levée de boucliers de l'ancien arbitre de la Ligue de Béjaïa ? Khaled Saâdi, qui nous a contactés mardi passé, explique les raisons de sa nouvelle sortie publique. « Je dirai que j'étais bien chez moi à m'occuper de mes affaires et de ma famille. Je ne pensais pas que les démons de l'arbitrage allaient me rentrer dedans. En fait, j'étais loin de m'imaginer être poursuivi en justice par quelqu'un qui n'avait rien à voir avec la gestion de la CFA. Celui-ci n'est autre que M. Belbordj Mohamed, évaluateur parmi les évaluateurs désignés par la Commission fédérale d'arbitrage, qui a porté l'affaire devant le tribunal de Constantine. Un agent de la police nationale m'a ramené une convocation afin que je réponde à une plainte déposée par ce monsieur. Je crois bien qu'il n'est pas président de la CFA pour défendre cette structure et que sa véritable tutelle c'est bien la fédération. Je dirai aussi que Mohamed Belbordj n'avait pas à se mêler de mes critiques, objectives ou constructives, envers cette Commission. Donc, il n'est pas le tuteur indiqué pour déposer plainte contre ma personne. C'est, à mon avis, une preuve que ce monsieur a reçu, je dirai comme d'habitude, une feuille de route pour satisfaire son chef», assure M. Saâdi qui fait remarquer, par ailleurs, que «ce Belbordj n'est pas non plus le tuteur des évaluateurs». L'ex-arbitre fédéral qui assume toujours ses accusations va plus loin en confiant que ce corps (les évaluateurs, ndlr) sensible de la CFA agit en toute illégalité. «J'avais effectivement critiqué avec force un groupe d'évaluateurs qui, en mon âme et conscience, sont guidés par le désir de saboter des arbitres qui ne font pas partie du clan de ce système pourri de l'arbitrage. Par contre, j'ai félicité ceux parmi les évaluateurs de bonne famille qui refusent ce genre de mission», dit-il en substance. Pour Saâdi, les manœuvres de Mohamed Belbordj, ont eu lieu à un moment où la rumeur évoquait les tourments de Lacarne avec ses pairs du BF de la FAF ainsi que la montée au créneau des présidents de clubs. Ce n'est pas normal que ce Belbordj traite, au cours d'une émission télévisée, son ex-chef de régionaliste, de saboteur, de hagard et de tous les noms, en citant des exemples d'injustice sur des arbitres. Moi, je pose la question : M. Belbordj pourquoi vous n'avez pas quitté la CFA avant sachant que vous étiez le chouchou de Belaïd Lacarne pendant cinq années, que vous étiez membre influent et que vous assistiez aux réunions importantes de cette Commission ? Pourquoi ne pas avoir dénoncé cette injustice qui a duré cinq années ? Je pense bien que M. Belbordj veut frapper d'une pierre deux coups : préparer son avenir pour réintégrer la composante du prochain président de la CFA, et, surtout, effacer le mal qu'il a fait aux arbitres. Moi, et Belbordj le sait bien, je n'aime pas ce genre de personnes pour qui le roi est mort, vive le roi», assène celui qui n'a pas encore avalé sa mise à l'écart injuste des désignations des rencontres de la Ligue 1 par la faute, révèle-t-il, de M. Belbordj qui avait rédigé un rapport qui lui était défavorable à l'issue du match MCS-ASK. M. Saâdi souhaite, enfin, attirer l'attention des responsables de la fédération sur le danger qui guette l'arbitrage. «Moi, je préconise la tenue d'assises sur l'arbitrage où tous les anciens arbitres, sincères et honnêtes, doivent donner leurs avis et visions afin de trouver une solution définitive à la corporation des arbitres. Il faudrait un changement radical pour repartir sur des bases solides. Certainement la confiance reviendra entre présidents de clubs, arbitres, président de la CFA et présidents de ligues. Ce jour, l'arbitre va jouer son rôle de magistrat sur le terrain, l'évaluateur va relater uniquement les faits réels de l'office d'un arbitre, le président de club va diriger son club, et le délégué va assurer le déroulement d'un match dans de bonnes conditions», conclut M. Khaled Saâdi qui propose un débat public de tous les acteurs qui font partie du corps arbitral en Algérie.