Même si l'auditorium du campus Hasnaoua de l'Université de Tizi-Ouzou n'avait pas connu l'affluence des grands jours, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, qui était l'invité du comité de l'Institut des sciences économiques et de gestion de cette université aura été, au même titre que de nombreux présents, agréablement surpris par le niveau de l'échange et la pertinence des questions soulevées par les étudiants à l'invité du jour qui a abordé de nombreuses questions liées à l'actualité. Une actualité dominée par la controverse suscitée par la candidature de Bouteflika à un quatrième mandat, et par d'autres questions qui ont été abordées par Soufiane Djilali qui a fait une lecture anthropologique et historique de la société algérienne avant et après l'indépendance pour dire que la génération actuelle au pouvoir repose sur un socle de valeur qui la met en déphasage avec la société. La génération qui a pris le pouvoir en 1962 n'a pas les mêmes éléments diagnostics de la situation que nous vivons que la génération actuelle. «Bouteflika (au même titre que le personnel politique au pouvoir de la même génération que lui) est dans une posture de sublimation psychologique qui lui fait croire que l'Algérie est un butin de guerre qui lui appartient.» Pour le président de Jil Jadid, le système est en fin de vie et sa fin est inéluctable. Et de prévenir qu'il appartient à la génération actuelle et aux élites politiques de se préparer afin d'éviter à la société de se retrouver face à un vide laissé par le pouvoir (absence de projet de société) et d'éviter l'effondrement de l'Etat. Soufiane Djilali n'a pas manqué de dire son inquiétude quant au départ précipité du pouvoir, accusant Bouteflika et son clan d'être tentés de provoquer le chaos, s'ils sont forcés à laisser le pouvoir. Pour autant, Soufiane Djilali redoute de voir le système s'effondrer, car reposant sur un axe fragile, c'est-à-dire Bouteflika et quand celui-ci tombera, tout l'échafaudage construit autour ne manquera pas de s'écrouler, selon le président de Jil Jadid qui, parlant avec raillerie des hommes du Président, dira : «Amara Benyounès et Sellal ne sont pas capables de parler au peuple sans l'insulter ; on a des hommes de sale besogne et non des hommes d'Etat». Invité à donner son appréciation sur la candidature de Bouteflika à un 4e mandat, Soufiane Djilali n'y est pas allé par quatre chemins pour qualifier de coup de force, de faute morale, l'argument de l'amendement constitutionnel qui sert de prétexte pour le Président sortant et ses soutiens pour légitimer la candidature de ce dernier à sa propre succession. «Bouteflika n'a pas le droit moral de briguer un quatrième mandat», considérant que la Constitution a été frappée au cœur de ses mécanismes, car ayant été triturée par une Assemblée croupionne et illégitime.