Dès l'annonce de la candidature officielle du Président-sortant, Bouteflika, les opposants au 4e mandat et de manière générale au système en place depuis 15 ans, sont sortis dans la rue afin d'exprimer leur colère. Les évènements de ce samedi à Béjaïa où le meeting prévu par le clan Bouteflika a été annulé à cause du rassemblement massif des Béjaouis, laisse entrevoir une montée en puissance et incontestable du ras-le-bol de la population envers ces élections présidentielles perçues comme une mascarade. Un retour sur un mois de mars, marqué par la contestation électorale, s'impose. Saadia Gacem - Alger (Le Soir) Abdelmalek Sellal qui avait prévu d'animer ce samedi un meeting à Béjaïa, n'a pu accéder à la salle. Près d'un millier de personnes ont manifesté contre sa venue. De violents affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants ont eu lieu. C'est l'évènement le plus violent qui s'est déroulé depuis l'annonce de la candidature de Bouteflika et des premiers rassemblements contre le 4e mandat. Le premier rassemblement contre le 4e mandat avait eu lieu le 24 février devant l'Université de Bouzaréah. Ce rassemblement intervenait deux jours après l'annonce de la candidature de Bouteflika par Sellal à Oran. Ces mêmes militants avaient décidé de revenir à la charge, rassemblement organisé devant la Faculté centrale le 1er mars. La police avait procédé de manière musclée à de nombreuses interpellations, plus d'une centaine de personnes arrêtées. Le 4 mars, lendemain du dépôt officiel de la candidature de Bouteflika, le mouvement Barakat, créé le 1er mars, se rassemble devant le Conseil constitutionnel. Le jeudi 6 mars, un nouveau rassemblement Barakat est tenu devant la Faculté centrale. La police a encore une fois excessivement réprimé et procéder à 214 arrestations. Le 9 mars, ce sont les gardes communaux qui marchent à Bouira, Béjaïa et Tizi-Ouzou. Au-delà de leurs revendications socioprofessionnelles, ils ont dit «non à un quatrième mandat de Bouteflika». Viennent ensuite, les étudiants, sortis le 10 mars, à Béjaïa, pour exprimer leur opposition. Ils étaient plusieurs centaines d'étudiants à prendre part à la marche au départ du campus universitaire d'Aboudaou vers le siège de la wilaya. Le 12 mars, le pouvoir réagit en s'attaquant à une chaîne de télévision privée pour avoir diffusé une émission critiquant Bouteflika. La Gendarmerie nationale avait perquisitionné le siège de la chaîne satellitaire ALATLAS TV qui, depuis, est interdite d'antenne. La censure ne s'arrête pas là, c'est au tour de l'émission Système DZ de se voir interdit d'antenne après s'être moqué du clip en soutien à Bouteflika. Dans cette mouvance de contestations, les boycotteurs avaient investi la place publique le 12 mars. Des personnalités politiques de différents partis et mouvances, cernées et même bousculées par un important dispositif policier, à proximité du monument des Martyrs d'Alger. La coordination n'en restera pas là, ces membres avaient appelé, à un meeting le vendredi 21 mars. Après ce 21 mars, le pouvoir change de méthode, ni répression ni arrestation, les rassemblements seront autorisés. Brèves, plus ou moins fournies, les manifestations se sont donc multipliées en Algérie, depuis l'annonce officielle de la candidature de Bouteflika. Après le rassemblement des boycotteurs, de Barakat et des étudiants à Béjaïa, le 22 mars, c'est au tour des Chaouis d'investir la rue. Des milliers de participants, issus de différents horizons avaient pris part au rassemblement. Entre les différents meetings pro-Bouteflika perturbés voire annulés et face aux manifestations de plus en plus nombreuses, massives et violentes, le pouvoir reste sourd. Il est à se demander ce qu'il adviendra du pays après le 17 avril.