Ce fut la directrice de la gestion des sites archéologiques de Tipasa qui prononça le discours de bienvenue en direction des invités à ce récital international de la poésie qui s'est déroulé sur le site même de l'antique théâtre romain de Tipasa. «Merci de bien vouloir redonner vie à ce théâtre antique. Grâce à vous, l'âme des anciens est là ; grâce à vous, tout va ressusciter ; laissez-nous rêver avec vous», dira la directrice du site archéologique de Tipasa. Un représentant du ministère de la culture évoquera l'organisation de ce récital qui eut lieu grâce à la participation de l'Institut français de l'ambassade de France en Algérie, mais aussi à l'Agence algérienne pour le renouveau culturel (AARC). Ainsi, ce fut au cœur de l'antique théâtre romain de Tipasa, au milieu d'un environnement boisé, que se déroula un récital de poésies, où des poètes français et Algériens ont déclamé tour à tour des poèmes en arabe, en français et en langue occitane. Mais les organisateurs de cet événement précisèrent que ce regroupement artistique fut principalement organisé en hommage à des poètes algériens d'expression française, à l'image d'Ana Greki, décédée prématurément à Alger, à 35 ans, en 1966, et auteure d'un livre Algérie, capitale Alger, préfacé par Mostapha Lacheraf, édité à Tunis en 1963. Le présentateur qui déclama plusieurs poèmes d'Ana Greki, notamment un poème dédié à Raymonde Pechard, passa en revue le parcours poétique de la poétesse en mettant en exergue sa lutte contre le colonialisme français, mais aussi son internement à Serkadji et Beni Messous. Mais ce fut Jean Paul Delors, metteur en scène et dirigeant d'un atelier de ressources poétiques qui arriva à mettre sur le plateau, des poèmes de Jean Senac, avec la participation d'une dizaine d'étudiants de l'université de Blida, sous la direction musicale de Abder, un virtuose incontournable du aoud, notamment en entonnant la célèbre et triste mélopée Ya el menfi. L'assistance a ovationné très fort les jeunes talents de la poésie algérienne qui se sont relayés sur le site du théâtre romain de Tipasa pour laisser place ensuite aux ténors de la poésie algérienne et française présents sur le site. Ce fut la sensuelle et prodigieuse poétesse française Avrelia Lassaque qui ouvrit ce récital en entonnant plusieurs poésies en langues occitane et française, à l'instar des poèmes Les pays de la nuit, L'île de IOS et Ulysse, suivies par les jeunes poètes Nacerdine Hadid, Raouya Yahiaoui, Fatiha Benchalal et Yassine Oussalah. Mais ce fut sous l'apparence nostalgique d'un soixante-huitard à l'image de ceux marqués par l'opposition à la dictature grecque, que Bruno Doucey signe ses poèmes en se faisant accompagner par le très oriental aoud de Abder, et en déclamant le poème Yanis Ristos, ainsi que Salonique 1936, Eros 1968, en s'intégrant admirablement dans la sensibilité, la sensualité, voire la volupté méditerranéenne propre aux peuplades sémites. Quant à Michel Baglin, un autre poète acquis à Tipasa et aux œuvres de Camus, il déclamera tour à tour Le printemps des poètes avec son poème Imperceptiblement, ainsi que les poésies Sillages et Paysage.