La réélection de Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République marque la fin de la trêve entre les deux ailes du Front de libération nationale. Le groupe de Abderahmane Belayat s'apprête à réunir le Comité central pour destituer Amar Saâdani. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Les frères ennemis du FLN déterrent la hache de guerre. «Notre objectif n'a pas changé, nous sommes déterminés à convoquer le Comité central pour destituer Amar Saâdani et élire un nouveau secrétaire général. Le dossier est prêt, il ne nous reste plus qu'à décider du lieu et de la date de cette réunion», a indiqué, hier, Abderahmane Belayat. Celui qui revendique encore le statut de coordinateur du bureau politique du Front de libération nationale, affirme avoir «imposé une trêve durant l'élection présidentielle afin de ne pas laisser l'exclusivité de la réélection de Abdelaziz Bouteflika au RND, à TAJ et au MPA». «A l'approche des élections, nos militants ont demandé de prendre les sièges des mouhafadate. Nous avons refusé une telle éventualité car il fallait calmer le jeu pour permettre au scrutin de se dérouler dans de bonnes conditions. Nous devions aussi sauvegarder la position et le rôle du Front de libération nationale». Belayat et son groupe avaient soutenu le candidat Abdelaziz Bouteflika. Le coordinateur du bureau politique espère être récompensé en conséquence. «Nous avons sauvé la face du parti et donné de la crédibilité à la campagne électorale du Président par la qualité des rassemblements que nous avons organisés. Il me semble que ceux qui ont soutenu l'option du 29 août ont compris», dit-il, en faisant référence à la «nomination» de Amar Saâdani par le clan présidentiel. Mais dans le camp Amar Saâdani, on considère que le combat mené par Abderahmane Belayat n'aboutira jamais. «Ils n'ont toujours pas compris que Amar Saâdani a été élu démocratiquement secrétaire général du FLN et que rien ne peut se faire sans lui. Pourtant, ils savent bien qu'il est seul habilité à convoquer une session du Comité central. D'ailleurs, la demande présentée aux services de la wilaya doit impérativement porter sa signature », note Saïd Bouhadja. Pour le porte-parole du parti, le groupe des opposants aurait dû opter pour le dialogue. «Cette situation aurait pu être évitée s'ils avaient choisi de dialoguer au lieu d'aller à la confrontation». D'où la décision du secrétaire général de déférer les opposants devant la commission de discipline. «Les membres de la commission étudient une série de dossiers. Ils se basent sur des documents et des déclarations de cadres du parti. La commission décidera ensuite des mesures disciplinaires à prendre», note Bouhadja. Une menace qui ne semble pas effrayer Abderahmane Belayat. «Je ne me sens nullement concerné par cette histoire de commission de discipline. D'ailleurs, jusqu'à présent Saâdani n'a cité aucun nom. Je ne peux donc pas me sentir visé par des allusions». Selon Belayat, des mesures disciplinaires pourraient être prises contre les cadres et les militants du parti qui ont soutenu le candidat Ali Benflis. «Il me semble qu'il y ait une volonté de prendre des mesures disciplinaires contre ceux qui ont choisi de soutenir Benflis. Mais ils disposent d'arguments imparables pour leur défense. Il leur suffira de dire que le FLN n'avait pas officiellement soutenu le candidat Bouteflika puisque cette question n'avait pas été adoptée par le Comité central, seule instance du parti à statuer sur cette question. Je rappelle que le Président Bouteflika s'est présenté en candidat. On ne peut donc pas leur faire le reproche d'être allé à l'encontre d'une décision du parti. Ils n'ont pas trahi», précise-t-il. Et c'est au tour de Belayat de proférer des menaces. «Lorsque le nouveau secrétaire général du Front de libération nationale sera installé, c'est Amar Saâdani et son groupe qui devront rendre des comptes devant la commission de discipline».