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Enquête-Témoignages
Névrose, thérapies traditionnelles et psychothérapie : à quel saint se vouer ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 05 - 2014

Dans une société caractérisée par des changements rapides et des bouleversements dans tous les domaines, la demande en matière de prise en charge médicale ou psychologique est en forte croissance.
Pour les structures hospitalières, les médecins, les psychiatres et les psychologues, il est de plus en plus difficile de répondre à la forte demande. Et comme l'offre ne suit pas, les malades trouvent un certain soulagement du côté des guérisseurs et autres charlatans. Ces derniers sont de plus en plus nombreux et ont développé un marché juteux, quoique la loi proscrit toute activité ou pratique en rapport avec le charlatanisme. Le phénomène de l'exorcisme (rouqia), par exemple, est une pratique en vogue.
Parmi les nombreuses personnes souffrantes, il y en a qui finissent par solliciter une prise en charge psychologique après avoir fait le tour des thérapeutes traditionnels et tenté une incursion chez le psychiatre. Le Dr Nacir Benhalla, psychothérapeute, donne un éclairage sur quelques cas de patients qui ont apporté leurs témoignages. Dans l'entretien qu'il nous a accordés, il traite un peu plus des fonctionnements psychiques et des médecines parallèles.
Hakim, 32 ans, célibataire :
«Je suis habité par une femme.»
Aujourd'hui gérant d'une entreprise privée, le jeune homme est orphelin de père. Il ne l'a pratiquement pas connu. Hakim avait trois ans, lorsqu'il décède, le laissant enfant unique. La mère, qui s'est remariée avec son beau-frère, a eu trois filles du deuxième lit. Hakim consulte le psychologue pour des idées obsessionnelles focalisées sur la peur de devenir fou. «Je suis habité par une femme et c'est elle qui me dicte les mauvaises choses à faire», assène-t-il. Quelles mauvaises choses ? «Je suis tout le temps en proie à des pensées incestueuses, en plus d'avoir des idées de blasphème en rapport avec l'existence de Dieu», confie-t-il. Au début de ces périodes de crise aiguë, Hakim s'est rendu chez un guérisseur traditionnel. Le taleb lui a confirmé la présence d'un djinn de sexe féminin, qui veut le détourner de la voie de Dieu. Il a eu recours à plusieurs méthodes de thérapie, dont la rouqia, mais cela n'a rien donné. Il a alors consulté des médecins, des psychiatres. Les antidépresseurs n'ont eu aucun effet bénéfique. A la fin, Hakim s'est résolu à consulter un psychothérapeute.
Nadia, 31 ans, mariée :
«Une étrange force se réveille en moi...»
Mariée depuis quatre ans, cette jeune femme n'arrive pas à avoir d'enfant. Nadia est cadre administratif, de parents divorcés. Le père s'est remarié quand elle avait neuf ans. Elle entretient de bons rapports avec ses deux parents. Son désir d'enfant lui a fait faire la tournée des guérisseurs et des talebs. Elle a pratiqué la rouqia et tenté de conjurer le sort par la sorcellerie, mais sans résultat. Nadia a également consulté des médecins spécialistes.
Elles a achevé le circuit chez le psychologue, à qui elle lâche avec douleur et larmes après une longue séance : «Je ne sais pas comment vous dire... Je vis des choses horribles... Au moment de faire la prière, une force se réveille en moi et m'ordonne de faire l'amour avec Dieu. Le plus étrange, c'est que j'éprouve du plaisir à cela...»
Pour le docteur Nacir Benhalla, ces deux cas cliniques (Hamid et Nadia) «présentent des similitudes dans leur vécu et leur fonctionnement psychique, bien que les sujets soient de sexe opposé». Parmi les points à souligner, le psychothérapeute relève que «les deux ont des difficultés relationnelles avec leurs parents, principalement à cause du divorce ou du remariage. Cela suppose donc des problèmes identificatoires importants». L'avis du psychologue clinicien est alors le suivant : «Les deux cas ont en commun des troubles sexuels qui annoncent une entrave dans le processus évolutif.En termes de diagnostic, nous n'avons pas toutes les données, mais nous pouvons avancer pour les deux un fonctionnement phobo-obsessionnel, avec une fragilité psychique importante. Ici, une sorte de pensée magique confondue à un délire agit dans une direction où elle transgresse sévèrement les interdits incestueux. Pour marquer la différence entre les deux, disons que le premier lutte contre le désir d'être avec la mère. Un tel désir a pris un sens magique, dans la mesure où il est remplacé par la femme djinn.
Le deuxième vit le même conflit, avec cette orientation : la lutte contre le désir incestueux envers le père, remplacé par Dieu.»
Karim, 28 ans, surveillant dans un lycée :
«J'ai l'impression d'être suivi dans la rue»
Karim est l'aîné d'un frère et d'une sœur, ses parents sont à la retraite. Il a été adressé par le psychiatre pour une psychothérapie pour les motifs suivants : une angoisse phobique aiguë et des idées homosexuelles paralysantes. Avant cela, Karim a eu recours à la rouqia comme moyen thérapeutique magique. Depuis toujours, il a vécu avec une mère possessive et perfectionniste et un père démissionnaire. Pour le psychologue, il est clair que «la relation duelle et emprisonnante qu'il entretient avec sa mère n'a laissé aucune place à un espace psychique qui favoriserait l'identification à une image paternelle». 
Et quels sont les symptômes obsessionnels paralysants auxquels Karim s'accrochait machinalement ? Il les évoque en ces termes : «Quand je suis dans la rue, je me faufile presque en courant parmi les gens. J'ai peur qu'ils se rendent compte de mes désirs homosexuels. Parfois aussi, j'ai l'impression d'être suivi par des inconnus pour me faire du mal.» A la troisième année de sa prise en charge psychologique, le jeune homme a commencé à connaître des changements positifs dans sa vie, dans son allure et dans son comportement. Il y a eu une nette diminution des symptômes, surtout ceux homosexuels, s'ouvrait progressivement aux relations avec l'autre sexe. Dans le cas de Karim, le docteur Nacir Benhalla estime que «les symptômes homosexuels n'étaient, en fait, qu'une défense annonçant une quête paternelle.
Le rapprochement excessif à la mère a freiné les voies vers un investissement de cette image. 
Il a fallu qu'il se détache relativement de la mère et commence à se rapprocher du père pour que la libération hétérosexuelle fasse son apparition».


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