Etrange scène à l'aéroport international d'Alger, alors que l'horloge affiche 12h. La famille de Jenane Arezki, l'ex-otage algérien au Soudan, ne sait pas l'arrivée de celui qui a été détenu pendant 15 jours par un groupe armé. «Nous avons appris sa libération à la télévision soudanaise», témoigne-t-elle. Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir) Les deux sœurs d'Arezki, son neveu et sa nièce s'approchent d'un officier de police pour lui demander des informations sur le lieu d'arrivée de l'ex-otage algérien au Soudan : «Nous avons été au salon d'honneur et on nous a signifié que son vol est attendu à l'aéroport international... vous ne savez pas de quel côté il débarque ?». Le policier lance un appel sur son talkie-walkie. Un moment après, un collègue à lui arrive. Il explique qu'il y a eu quelques imprévus avant de conduire la famille d'Arezki à nouveau vers le salon d'honneur. Pendant ce temps, une des sœurs d'Arezki affirme que leur maman, âgée de 83 ans, patiente seule dans la voiture au niveau du parking : «Elle est handicapée et il faut un équipement spécial pour la transporter. Malheureusement, nous n'avons pas trouvé d'assistance à l'aéroport...». A aucun moment la famille d'Arezki n'a été contactée par le ministère des Affaires étrangères ou une autre institution de l'Etat, selon sa sœur cadette qui témoigne : «Nous avons appris la nouvelle de sa libération à la télévision soudanaise. Pour son arrivée à Alger, c'est lui qui nous informé par téléphone.» «Mes kidnappeurs cherchaient un Egyptien à qui je ressemble» Il est 11h lorsque l'ex-otage algérien au Soudan, Jenane Arezki, qui occupait un poste de responsable de la maintenance des équipements de forage, dans un champ pétrolier dans la province de Kordofan-ouest (1 500 km au sud-ouest de Khartoum), arrive au niveau du salon d'honneur de l'aéroport d'Alger, accompagné par le directeur des affaires consulaires au ministère des Affaires étrangères. Il témoigne d'emblée devant la presse : «Trois pick-up, chargés chacun d'une douzaine d'hommes lourdement armés, sont arrivés sur notre site le 18 avril, vers 8h10. Ils nous ont emmenés 300 km plus loin, au sud-ouest du pays. Nous étions huit personnes, deux plombiers chinois, un chauffeur et quatre militaires soudanais, qui faisaient office d'agents de sécurité, ainsi que moi et un autre Algérien qui a été libéré la semaine passée. Au départ, ils n'avaient rien d'une bande organisée qui revendique quelque chose de spécial. Ils avaient plus l'air d'un groupe de pilleurs. Mais ce qui m'a intrigué par la suite, c'est qu'ils ont avoué m'avoir pris pour un Egyptien qu'ils cherchaient et à qui je ressemble, sans quoi ils ne m'auraient pas kidnappé. Ils nous ont expliqué avoir embarqué tous, afin de se protéger sur le chemin du retour. Se protéger de l'aviation militaire qui les aurait bombardés si ce n'est notre présence...». Enfin, il raconte que quatre notables soudanais sont venus le récupérer lui et les deux Chinois des mains de leurs ravisseurs, après des négociations dont il ignore la nature. Aujourd'hui, et après un périple de 15 jours, il a la certitude que ses kidnappeurs font partie d'une faction rebelle de l'armée soudanaise.