Par Kader Bakou La pluie tombait sans interruption. Riadh rentrait chez lui en voiture, tard dans la nuit. La ville était déserte et semblait pleurer sous janvier, comme dirait Brel. Sur le trottoir un homme faisait des gestes frénétiques en direction des (rares) automobilistes qui passaient, sans même ralentir. En ces années de terrorisme, tout le monde avait peur de tout le monde. Riadh arrête sa voiture. L'homme arrive en courant sous la pluie. Il est tout mouillé. «Ma femme est gravement malade. S'il vous plaît, est-ce que c'est possible de nous conduire vers l'hôpital ?» «Bien sûr, c'est mon devoir de vous aider !» répond Riadh. L'homme est sa femme s'installent à l'arrière de la voiture. La femme gémissait de douleur. Ils arrivent à l'hôpital. La femme va subir en urgence une opération chirurgicale. Après s'être assuré qu'ils n'ont plus besoin de lui, Riadh retourne à sa voiture et rentre chez lui. Quelques années plus tard. Le terrorisme faisait toujours rage. Riadh marche à pied, un peu sans but, dans les rues d'Alger. Soudain, quelqu'un tire plusieurs coups de feu en direction d'un homme et s'enfuit. L'homme touché s'agrippe à Riadh qui se trouvait, par hasard, à quelques mètres de lui. Des policiers accourent. L'homme succombe à ses blessures. Riadh tout couvert de sang devient le suspect numéro un. Il a beau expliquer aux policiers qu'il passait par hasard et que l'assassin s'est enfui, il n'est pas relâché. Il est conduit au commissariat pour enquête. Un homme entre dans la salle où se trouvait Riadh l'air soucieux. Après l'avoir bien regardé, il lui serre chaleureusement la main. «Quelle est votre marque de chemise préférée ?» demande-t-il à Riadh après avoir jeté un regard sur sa chemise maculé de sang. Riadh ne sait pas quoi répondre. L'homme lui explique qu'il est un officier de police. «Vous ne vous rappelez pas de moi. Mais moi, je me rappelle bien de vous. Vous êtes l'automobiliste qui nous avait emmenés à l'hôpital ma femme et moi. Grâce à vous, au médecin et à Dieu, ma femme est restée en vie. Vous m'avez dit que c'était un devoir de nous aider et vous avez refusé d'être payé. Un homme bon comme vous, c'est impossible qu'il soit un assassin !» Après s'être lavé et mis sa chemise toute propre achetée pour lui par l'officier de police, Riadh est l'officier sont allés boire un café ensemble. Maintenant, ils sont les meilleurs amis du monde. «Faites le bien et oubliez-le», comme dit un adage de chez nous. Il portera ses fruits tôt ou tard ! K. B.