Il y a quelque chose de la recherche proustienne dans le roman Alger, le cri de Samir Toumi. Comme dans A la recherche du temps perdu ou Du côté de chez Swann, pour ne citer que ces deux romans célèbres et emblématiques de Marcel Proust, Alger, ses odeurs, ses cris, ses bruits, ses lieux... sont des références textuelles qui ont beaucoup à avoir avec la recherche et les quêtes de Marcel Proust pour qui l'épisode du souvenir de la madeleine de son enfance, de la serviette ou encore du baiser que la mère vient donner à l'enfant le soir sont des éléments essentiels dans le déclenchement autour desquels se construit la narration. Comme chez M. Proust, les réminiscences mémorielles autour d'Alger, ses bruits, ses odeurs, tout l'espace-temps où se déroule l'intrigue constituent des motifs et un prétexte à la création et le déroulement de l'intrigue pour Samir Toumi. Comme Proust, Samir Toumi est dans l'expérience de l'anamnèse, le retour sur soi, la plongée dans la mémoire pour reconstituer des bribes de vie, des souvenirs pour donner de l'épaisseur à un vécu, au-delà des contingences. Sous le vernis du temps et des pérégrinations géographiques, c'est un passé qui remonte, par la médiation de quelques éléments mémoriels déclencheurs. Alger, le cri est un roman passionnant qui se lit comme un poème.