L'appropriation par les entreprises mais aussi les organismes publics de la bonne gouvernance, de la responsabilité sociale et sociétale, des valeurs d'éthique, reste encore à consolider en Algérie. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) Le Code algérien de gouvernance d'entreprise, élaboré en 2009 avec le concours tant institutionnel algérien et international que celui d'associations patronales et du Club de réflexion et d'action autour de l'entreprise (CARE), «n'a pas été suffisamment porté par les relais», estimait hier à l'hôtel Hilton, le président de la société privée NCA Rouiba. Les résultats en termes d'appropriation par les entreprises ne répondent pas aux attentes, déplore le manager principal de NCA Rouiba qui intervenait à l'occasion du premier Forum sur l'éthique et la responsabilité sociétale. Organisé par l'Algerian Trade & Exhibitions, sous l'égide du ministère de l'Industrie et des Mines et de l'Agence nationale de développement de la petite et moyenne entreprise (ANDPME), ce Forum a été justement l'occasion pour Slim Othmani d'expliciter la vision de son entreprise en matière de responsabilité sociétale, une notion qu'il liera essentiellement à l'éducation, aux valeurs transmises inculquées dans et par la famille. Des valeurs que l'entreprise familiale NCA a entrepris de valoriser tant au niveau interne, en développant la communication et la mobilisation des collaborateurs, qu'à l'externe, en œuvrant à vulgariser les pratiques, les principes de la bonne gouvernance, de manière ancrée dans la société. Une dynamique similaire est impulsée au niveau de la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (SEAAL), selon les explications apportées par son directeur général, Jean-Marc Jahn, au-delà d'avoir évoqué les performances réalisées par cette entreprise de statut public dans l'amélioration du service public de l'eau, malgré des risques persistants de «vulnérabilité». Et au-delà de l'impulsion d'une plateforme d'échange RSE, sous la conduite de l'Institut algérien de la gouvernance d'entreprise et de l'Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises, d'autres actions sont lancées au sein de l'establishment économique en vue de consolider davantage les bonnes pratiques. Ainsi, les deux entreprises sus-citées et d'autres sociétés de droit algérien et des associations patronales collaborent activement à l'implémentation de la notion de la responsabilité sociétale des entreprises et des organismes, en particulier avec l'Institut algérien de la normalisation (IANOR). En ce sens, un programme été lancé depuis 2011 et s'achèvera fin 2014, explicitera la directrice générale de l'IANOR, Mme Chibani Ratiba, qui évoque des résultats patents en termes d'actions de formations, de développement d'une expertise nationale et d'implication des opérateurs économiques et autres dans l'implémentation de cette responsabilité sociétale. Et cela même si la nécessité de vulgariser davantage cette notion, de généraliser l'implication de l'ensemble des opérateurs économiques, des organismes publics et des citoyens s'impose, au-delà des appréhensions relatives à cette problématique et de la persistance de certains freins d'ordre juridique et institutionnel, voire d'une administration économique encore inadaptée. Ce que le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb confirmera dans ses propos, en appelant les opérateurs du secteur public à «s'atteler à l'avenir au respect rigoureux des législations et des conventions collectives en vigueur, à associer davantage les parties prenantes pour la concrétisation des objectifs, dans un processus destiné à intégrer les préoccupations d'ordre sociale, environnemental, éthique, de droits de l'homme et de consommateurs dans les activités managériales et stratégies de base». Comme il s'agit, invitera M. Bouchouareb, de «renforcer les institutions de gouvernance afin de consolider l'Etat de droit et d'améliorer la transparence, la participation et la responsabilité dans la gestion des affaires publiques». Voire, le ministre de l'Industrie relèvera la nécessité d'autres efforts à consentir pour «l'aboutissement du parachèvement de la réforme de la justice et sa dotation de moyens additionnels pour renforcer son indépendance dans l'application de la loi pour la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales et la sécurité des personnes, des biens et des activités économiques».