La règle 49/51 régissant l'investissement étranger et l'expansionnisme commercial chinois constituent-ils des freins pour les entreprises italiennes intéressées par le marché algérien ? La question reste posée. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) Cette interrogation a été encore soulevée hier, à l'hôtel Hilton lors d'une session du Forum d'affaires algéro-italien, organisée sous l'égide de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI) et la Chambre de commerce italo-arabe (CCIA). Fixée par la loi de finances complémentaire pour 2009, la règle 49/51 qui impose un actionnariat national majoritaire dans le domaine de la production industrielle et des services reste toujours de vigueur. Voire, cette disposition a été élargie en vertu de la loi de finances pour 2014 aux activités d'importation et de revente en l'état, comme l'indiquera la consultante et commissaire aux comptes, Wassila Mouzaï, intervenant lors de cette session. Or, une disposition qui ne semble pas être destinée à être remise en cause, ne cessent de l'affirmer nombre d'officiels. Et cela même si cette obligation peut être «parable», contournable, selon le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Réda Hamiani qui a reconnu qu'elle «peut ne pas satisfaire» les opérateurs étrangers. Notons que le partenaire étranger, quoique minoritaire, pourra assurer le management de la société et bénéficiera de la protection et de la garantie de ses investissements. Il en est le cas pour les investissements italiens qui sont couverts par plusieurs conventions et accords signés par les deux pays depuis 1991. Comme l'investisseur étranger bénéficiera d'un cadre fiscal incitatif et de plusieurs avantages comparatifs, les meilleurs dans la région, selon le directeur général de l'Agence nationale de développement des investissements (Andi), Abdelkrim Mansouri. Néanmoins, une disposition (la règle 49/51) qui reste encore mal appréhendée par l'establishment économique italien. Une réaction que le coprésident du Forum d'affaires italo-algérien et président de la CCIA, Sergio Marini, ne manquera pas d'adopter. Tout en notant que le stock d'investissements directs étrangers en Algérie a fortement crû entre 2000 et 2012, Sergio Marini estime, ce faisant, que la règle 49/51 a «imposé une limite» à l'intérêt des entreprises étrangères, au-delà de leur taille, dans le contexte de crise économique internationale. Soucieux de transcender cette difficulté, le président de la CCIA plaidera pour le développement de la création de sociétés mixtes, de la «délocalisation» et de la fabrication locale. Il citera, en ce sens, l'exemple de la Tunisie où un millier d'entreprises communes ont été lancées. Autre contrainte pour les opérateurs italiens, l'expansionnisme commercial chinois en Algérie. Certes, les échanges commerciaux algéro-italiens sont «en continuel développement», notera Sergio Marini. Ainsi, l'Italie est classée au troisième rang des fournisseurs de l'Algérie et au deuxième rang de ses clients en 2013, selon les données présentées par le chargé d'affaires à l'ambassade d'Italie, Martin Brook. Toutefois, cette position commerciale risque d'être remise en cause à terme, l'Italie étant «dépassée» par la Chine, et même par l'Espagne, observe le président de la CCIA. Ce que Réda Hamiani, qui préside également un club d'affaires algéro-italien ne manquera pas également de relever. Dans la mesure où la Chine profite de la politique d'ouverture et de diversification commerciale que l'Algérie pratique, laisse-t-il entendre, il s'agira donc pour les opérateurs économiques italiens d'agir de même. Or, «les grandes marques italiennes ne sont pas représentées en Algérie», déplore Réda Hamiani qui en appelle donc à une autre dynamique, à renforcer le partenariat «intelligent», mutuellement bénéfique. Il s'agit, explicitera le président du FCE, de la «construction progressive, méthodique d'une pénétration italienne en Algérie», dans le contexte où la substitution à l'importation et la quête d'un transfert de savoir-faire étranger dans le domaine de la maîtrise technologique, la compétitivité et le management sont à l'honneur. Ainsi, les entreprises italiennes, une vingtaine d'entre elles ont participé à cette seconde session du Forum, sont invitées à lancer une représentation commerciale locale, à développer un réseau de distribution et à s'informer, pendant quelques années, avant de passer au stade de la fabrication industrielle et de l'investissement direct. L'opportunité pour les opérateurs italiens de pénétrer d'autres marchés, note-t-il, l'Algérie étant liée par une cinquantaine d'accords commerciaux préférentiels avec des pays arabes et africains.