Il n'y avait pas deux hommes comme Didouche Mourad et Debbih Chérif, estimait hier le penseur et écrivain, El Hachemi Larabi, auteur d'un ouvrage inédit sur la vie et le parcours militant du chahid Debbih Chérif. Intitulé Debbih Chérif et l'ultime bataille d'Alger, ce livre, qui a été édité l'année dernière aux éditions Necib, retrace sur deux cents pages la vie de ce chahid, né en 1926 et mort au champ d'honneur le 26 août 1957 dans La Basse-Casbah, en compagnie de trois militants de la Cause nationale. Lors d'une conférence-débat organisée hier à la salle Frantz-Fanon de l'Office Riadh-El-Feth, en partenariat avec la librairie Renaissance, cet écrivain a évoqué la mémoire de Debbih Chérif, de son nom de guerre Si-Mourad, dont il était un ami très proche, un compagnon de jeunesse et de militantisme. Usant de la derdja d'Alger, évoquant moult anecdotes et souvenirs communs, El-Hachemi Larabi est revenu devant une belle assistance sur leur enfance commune, les moments partagés avec Si-Mourad au quartier de la Redoute (Clos Salembier), leur insertion dans le monde du Savoir sous la férule du Cheikh Abderrahmane-El-Djilani.... Et l'auteur de relater comment Debbih Chérif a manifesté un intérêt vif et concret pour le scoutisme, comment il exerçait le militantisme au sein du Parti du peuple Algérien de Messali-El-Hadj dont il a été l'«assistant». Un rôle que Debbih Chérif jouera également au début des années 1950 auprès du défunt Mohamed-Boudiaf, évoque El Hachemi Larabi qui insistera également sur l'amitié, la proximité et la sympathie d'idées qui liaient Si-Mourad à Didouche Mourad. Et l'auteur d'évoquer une certaine hostilité, le dégoût de Debbih Chérif face aux dissensions qui ont surgi entre Messali-El-Hadj et les membres du Comité central et son absence à la réunion historique des 22, lors de laquelle le déclenchement de la Guerre de Libération a été décidé. Une guerre dans laquelle Debbih Chérif jouera pourtant un rôle crucial, l'auteur le qualifiant de stratège émérite, de «cerveau» de Mohamed-Boudiaf dont il était aussi l'ami. L'occasion pour El Hachemi Larabi de rappeler le rôle important, catalyseur et réfléchi que Debbih Chérif exercera à Alger dès le début 1955, bien avant l'arrivée de Abane-Ramdane, ce grand stratège et mobilisateur politique, ou de Yacef Saâdi. Il évoquera ainsi l'action décisive de Debbih Chérif dans le déclenchement de l'attentat de Freddy, sa position à l'égard du lancement de la grève des 8 jours qu'il souhaitait plutôt de trois jours. A ce propos, El Hachemi Larabi invitera l'auditoire à relire l'œuvre de la militante Zohra Drif, laquelle très proche alors de Debbih Cherif, l'avait qualifié de «Géant». Et Géant, l'enfant terrible de la Redoute le fut à Alger, au regard de ces actions décisives et autres que l'auteur évoque dans son livre où il se remémorera devant les assistants. Et cela, même si le parcours de Si-Mourad a manqué d'être bien retracé tant par la plume que par l'évocation officielle.