L'office national interprofessionnel du lait a notifié, ce dimanche, les laiteries privées conventionnées avec lui, de procéder dorénavant au préfinancement à hauteur de 50% des importations de matières premières subventionnées par l'Etat. En évoquant «le recours systématique aux emprunts bancaires qui grèvent drastiquement sa trésorerie», l'Onil n'est décidément plus en mesure d'assurer le lait pasteurisé et conditionné (LPC), au prix administré de 25 DA. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) A la veille du mois de Ramadhan où le lait en sachet fait l'objet d'une tension particulière, les caisses de l'Onil sont à sec. L'alerte a été donnée ce dimanche, à travers une correspondance adressée à toutes les laiteries privées conventionnées avec l'Onil dans le cadre du dispositif de la régulation du marché du LPC. Dans cette notification dont le Soir d'Algérie dispose d'une copie, on peut lire : «Dans le cadre du financement des importations de matières premières laitières destinées à la fabrication du lait pasteurisé partiellement écrémé conditionné en sachet et commercialisé au prix administré de (25 DA),... nous avons l'honneur de vous informer que la participation des laiteries dans le préfinancement de leurs achats mensuels de matières premières subventionnées auprès de l'Onil, à hauteur de 50 % du montant de la dotation mensuelle fixée par le comité ad-hoc interministériel est de plus en plus nécessaire...». Jusque-là, la procédure voulait que les opérateurs privés soumettent un chèque certifié à l'Onil pour récupérer leur quota de poudre de lait subventionnée, dans la journée. Mais l'office n'est visiblement plus en mesure de maintenir la même cadence, puisqu'il explique : «C'est pour permettre à l'Onil d'éviter le recours systématique aux emprunts bancaires qui grèvent drastiquement sa trésorerie supportant annuellement d'importantes charges et commissions financières...». Ces nouvelles dispositions qui, selon toujours la correspondance en question, s'inscrivent dans le cadre de l'application des recommandations de la tutelle et des institutions de contrôle externe, ont provoqué colère et indignation chez les opérateurs de lait privés. «Les Giplait ont ruiné les finances de l'Onil à travers l'acquisition de la matière première à crédit et maintenant on demande à nous, opérateurs privés, de nous substituer à l'Etat. Les laiteries publiques qui sont au nombre de quinze utilisent frauduleusement la poudre subventionnée pour la fabrication de produits laitiers dérivés, et c'est à nous de payer le manque à gagner de l'Office», protestent-ils, tout en s'interrogeant sur la destination de l'argent que gagnent les Giplait, puisque «elles ne s'acquittent presque jamais de leurs dettes auprès de l'Onil». Ce qui a attisé davantage la colère des patrons de laiteries privés, c'est le fait que les Giplait ne sont pas concernés par cette mesure. «Si ces nouvelles dispositions sont maintenues, nous allons arrêter la production et l'Onil n'a qu'à se tourner vers les laiteries publiques si elles sont capables d'assurer ce produit de première nécessité pour tous les Algériens», menacent les opérateurs privés. Plusieurs fois contacté, le directeur général de l'Onil, Fethi Messar, est resté injoignable.