Après l'assemblée générale des actionnaires du 7 août dernier, lors de laquelle a été enclenché le processus de destitution légale de Moh-Chérif Hannachi de la présidence de la société JS Kabylie, beaucoup avaient du mal à y croire, tellement ils connaissent la richesse de l'homme en tours de passe-passe pour se sortir des situations les plus délicates. Depuis jeudi, désormais, ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles, parce qu'il est bel et bien fini le très controversé règne, du moins dans sa dernière décade, de celui qui a réussi la gageure de se mettre sur le dos des pans entiers du peuple de la JSK, même parmi ses anciens soutiens. Hannachi n'est donc plus président du club, lui qui, dans son inégalé égocentrisme, criait toujours haut et fort qu'il n'y avait pas d'hommes à la carrure assez imposante en Kabylie pour le dégommer de la JSK. Finalement, donc, l'œuvre enclenchée avec la remise dans le droit chemin de l'actionnaire majoritaire, le Club sportif amateur (CSA/JSK) en l'occurrence, et le réveil d'autres actionnaires, ont eu raison de Moh-Chérif Hannachi qui, comme tout le monde s'y attendait, ne s'est pas présenté au rendez-vous de jeudi, alors qu'il y a été dûment invité à l'instar des autres actionnaires du club. De nombreux supporters parmi les plus fervents étaient là, aux alentours du siège du club, à guetter la moindre bribe d'information en provenance de la salle de réunion où s'étaient enfermés les propriétaires du club autour du trio composé de Malik Azlef, Mohamed Zeghdoud et Hanine Meftah, désignés le 7 août dernier pour gérer les affaires courantes du club et procéder à la préparation du conclave de ce jeudi. Plus d'une heure durant, les actionnaires ont passé en revue la situation du club avant de recevoir le seul candidat déclaré à la présidence de la JSK, Hamid Sadmi, joueur de l'équipe des années fastes des Canaris et, à un certain moment, membre d'un des staffs dirigeants du club qui n'ont pu servir leur club très longtemps en raison de leur incompatibilité sur pratiquement tous les plans avec Hannachi. En fin de compte, Sadmi et ses accompagnateurs, entre anciens dirigeants et joueurs, ont été reçus pour une bonne demi-heure avant que l'on daigne convier la presse pour de très brèves déclarations. Ainsi, il a été officiellement annoncé «(que) le conseil de surveillance de la JSK installé le 7 août a désigné Hamid Sadmi en qualité de président de la JSK. Il sera à la tête d'un directoire dans lequel siègent Azlef Malik, Nassim Benabderrahmane et Meftah Hanine. A été également installé un Conseil de surveillance que présidera Zeghdoud Mohamed». Le successeur de Mohand-Chérif Hannachi à la tête de la JSK s'est quant à lui contenté de faire état de son émotion d'avoir été porté à la tête du club et d'assurer qu'il est venu en «rassembleur», laissant ainsi sur leur faim ceux qui voulaient l'entendre discourir sur le projet qu'il compte mettre en œuvre pour remettre la JSK à la place qu'elle n'aurait jamais dû quitter et en finir avec cette immense supercherie du désormais ex-président Hannachi qui, sans la moindre gêne, faisait passer le maintien pour un titre. Une issue qui, en tous les cas, a mis dans tous leurs états les nombreux présents dans les parages des bureaux de la JSK qui, il faut le dire, avaient réservé un accueil triomphal à Sadmi lorsqu'il fit son apparition une demi-heure plus tôt. Il reste à savoir maintenant quels seront les contours du projet que réserve le nouveau président du club, lui qui a réussi à se dégotter un partenaire financier étranger répondant au nom de Rocco Cavallo, fils du fondateur du Gruppo Cavallo, un groupe italien intervenant dans le bâtiment, l'hôtellerie, le tourisme, la restauration et l'agroalimentaire. Ainsi, au moment où les hommes d'affaires algériens rechignent à s'impliquer financièrement dans le sport — on les comprend sans peine – Hamid Sadmi est en passe d'ouvrir l'ère de l'investissement étranger dans le football en Algérie. C'est déjà pas mal pour entamer sa présidence du club en mal de beaucoup de choses, surtout de crédibilité.