La nouvelle centrale des risques de la Banque d'Algérie devrait être opérationnelle dès le 1er semestre 2015. Dès octobre prochain, l'autorité monétaire mettra en œuvre trois nouveaux règlements relatifs au cadre prudentiel. La désinflation s'est poursuivie durant les cinq premiers mois de l'année. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) Hier à l'Ecole supérieure de banque, le gouverneur de la Banque d'Algérie a indiqué que l'opération de modernisation de la centrale des risques d'entreprises et ménages devrait être parachevée durant l'année en cours. Ce qui, couplé à la mise en place d'une nouvelle infrastructure pour une centrale plus globale des risques, permettra, selon Mohamed Laksaci, de disposer dès le premier semestre de 2015 d'un outil important de la surveillance du risque crédit. Notons dans ce contexte que la mise en service de cette nouvelle centrale des risques devrait conforter la relance effective et pas seulement virtuelle du crédit à la consommation. Et ce, dans le contexte où selon le gouverneur qui a ouvert les travaux d'une conférence dédiée à la thématique de la modernisation des centrales et l'amélioration de l'accès au financement de la Pme, organisée en partenariat avec la Société financière internationale (SFI, relevant du groupe de la Banque mondiale), l'accès est mis sur la consolidation affinée de la stabilité financière, une supervision bancaire davantage prospective et le renforcement de l'inclusion financière. Dans ce cadre, Mohamed Laksaci indiquera que le dispositif réglementaire prudentiel vient d'être réformé pour une conformité des règles prudentielles, régissant l'octroi des crédits, aux nouveaux standards et normes du Comité de Bâle (Bâle III). Edictés par le Conseil de la Monnaie et du Crédit au premier trimestre 2014 , ces trois nouveaux règlements entreront en vigueur à partir du mois d'octobre 2014 selon le gouverneur qui en avait fait état la semaine dernière. Davantage explicite, Mohamed Laksaci indique que cette nouvelle réglementation porte sur les ratios de solvabilité, grands risques et participations, ainsi que le classement et provisionnement des créances et engagements par signature. Ainsi, le ratio de solvabilité minimum par rapport au «tier one» est fixé à 9,5%, soit un ratio supérieur au minimum recommandé par le Comité de Bâle. De plus, en matière de renforcement de sa capacité d'évaluation de la situation de risque du secteur bancaire, la Banque d'Algérie pourra compter, à partir de début 2015, sur l'utilisation effective du nouveau modèle de stress testing ainsi que sur la généralisation du système de notation des banques de la place. Ce qui implique de la part des banques davantage de proactivité et d'efficacité en matière de gestion des risques, même si la pratique algérienne semble susciter l'appréciation positive, à s'en référer aux propos d'un spécialiste international de la gestion des risques, Benoît Genest, intervenant lors de cette conférence. Et que les banques nationales aient en 2013 poursuivi leurs efforts en matière de provisionnement et consolidé leurs indicateurs de solidité financière, en disposant d'un ratio de solvabilité appréciable, largement supérieur au niveau réglementaire requis et en phase avec le niveau recommandé dans le cadre des standards de Bâle III. Soit des ratios de solvabilité élevés, 15% par rapport aux fonds propres de base et 21% par rapport aux fonds propres réglementaires en 2013, et une rentabilité confortable. Mais aussi une démarche davantage efficace, efficiente et en matière d'octroi de crédits bancaires aux entreprises, une problématique encore persistante. C'était justement le thème de cette conférence dont la finalité, expliciteront tant le gouverneur de la Banque d'Algérie, le représentant-résident du Groupe de la Banque mondiale, Emmanuel Noubissie Ngankam, et plusieurs représentants de l'establishment bancaire, est de sensibiliser les banques sur l'amélioration des conditions du financement. Et ce dans le contexte où l'Algérie est classée à la 153e place dans le monde en matière d'accès des Pme au financement et est caractérisée par un environnement d'affaires à parfaire, une impulsion publique importante et assez conséquente, une industrie d'offres et de services bancaires encore balbutiante et un tissu d'entreprises de taille peu critique (95% des 700 000 Pme étant de taille petite ou très petite). Et cela même si l'octroi des crédits au secteur privé affiche une tendance haussière, le gouverneur de la Banque d'Algérie citant un taux d'accroissement moyen annuel de 19,4% durant la période 2001-2013, un excès de l'épargne sur l'investissement et davantage de « dissémination » et diversification des crédits, notamment de moyen et long terme. Cependant, le premier responsable de l'autorité monétaire estime «peu probable» que les crédits hypothécaires «connaissent un emballement en Algérie, à mesure que la demande pour ce type de crédits reste limitée par l'offre encore insuffisante de logements». Ce qui explique, selon M. Laksaci, le fait que le phénomène de créances non performantes sur le secteur privé, connu ces dernières années, ne concerne pas les prêts hypothécaires aux ménages. D'autre part, Mohamed Laksaci a indiqué que la désinflation engagée en février 2013 s'est poursuivie tout au long de l'année 2013 et au cours des cinq premiers mois de 2014. Ainsi, le taux d'inflation s'est établi à 1,64% à fin mai 2014, en moyenne annuelle, contre 3,26% à décembre 2013, indique le gouverneur pour lequel la performance en matière d'inflation durant les 15 dernières années, à l'exception de 2012 où l'évolution de la hausse des prix a dépassé 8%, «est un acquis pour la stabilité monétaire en Algérie».