Dernier membre du fameux groupe des 22 auxquels on doit le déclenchement de la glorieuse Guerre de Libération nationale, eux qui ont forcé la main au destin, Mohamed Méchati a tiré sa révérence, avant-hier jeudi dans un hôpital suisse. M. Kebci - Alger (Le Soir) Lui dont toute sa vie ou presque, comme ses compagnons d'armes, est synonyme de lutte et de militantisme ininterrompus, et qui a fait face à bien de défis, n'a rien pu faire face à la faucheuse qui a eu raison de lui ce jeudi, dans un hôpital de Genève. Ceci en droite ligne de cette terrible loi de la nature qui veuille que l'on quitte ce bas monde un jour ou l'autre. Mais Méchati, né un certain 21 mars 1921 au sein d'une modeste famille de Constantine, peut se prévaloir d'avoir longtemps tenu tête à cette bête immonde, lui qui a dépassé de quelques mois les 93 ans pas à la «portée» du premier venu. S'étant engagé très jeune au sein de l'armée, il sera partie prenante de la Seconde guerre mondiale avant sa démobilisation en 1945. Et c'est le début d'une autre carrière, militante, celle-là puisqu'il rejoint aussitôt le Parti du peuple algérien (PPA), l'Organisation secrète (OS), le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), ainsi que le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (CRUA). Contraint à quitter le pays quelques mois avant le déclenchement de la Guerre de Libération nationale, pour se soigner, il rejoindra néanmoins, une fois rétabli, les rangs de la Fédération de France du FLN. Ayant dirigé la zone d'Alger sous le commandement de Mohamed Boudiaf, il a été peu après affecté au sud-ouest du pays avant d'être arrêté par la soldatesque coloniale en août 1956. Ayant transité par nombre de prisons, Méchati ne sera libéré qu'en 1961. Au recouvrement par le pays de son indépendance, Méchati occupera des postes diplomatiques dont celui d'ambassadeur d'Algérie en Allemagne. Il a également occupé la fonction de vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH). Peu après, le défunt maquisard s'astreindra à un véritable travail de mémoire en multipliant ses témoignages que ce soit sur son propre parcours ou ceux de ses compagnons du maquis et de la longue et laborieuse lutte.C'est ainsi qu'en 2000, il publie un livre Militant de l'Algérie indépendante, Mémoires 1921-2000. Ceci tout en faisant preuve d'un activisme débordant, lui qui répondait aux sollicitations, notamment celles émanant du mouvement associatif ou des médias et des historiens, faisant abstraction des terribles contraintes de l'âge. Réputé pour dire les choses crûment, feu Méchati n'a pas eu pour leitmotiv de taire ces zones d'ombre ou les faits controversés ou autres situations conflictuelles ayant jalonné le mouvement de libération nationale. Cette verve militante, Méchati ne voulait aucunement s'en départir en étant à l'écoute de l'actualité nationale, n'hésitant point à donner son point de vue et ses avis à coups de déclarations ou de contributions via la presse. Dernières positions du défunt maquisard dont le rapatriement de la dépouille mortelle vers Alger est prévu aujourd'hui samedi, celle d'abord qu'il a exprimée audacieusement à l'égard de la maladie du président de la République dont il qualifiera d'ailleurs la longue hospitalisation de «cinéma». Ou encore celle inhérente aux innombrables scandales de corruption qui ébranlent ces derniers temps nombre de secteurs de l'activité nationale. Des scandales à propos desquels il disait ne se faire aucune illusion sur le sort des enquêtes menées par les services de sécurité.