La phase expérimentale dans la recherche et l'exploration du gaz de schiste se poursuit, en attendant la conclusion de partenariats avec des opérateurs étrangers. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) Le groupe Sonatrach compte forer cette année quatre puits de recherche et exploration du gaz de schiste dans les bassins d'Ahnet et d'Illizi, indique la compagnie nationale qui compte forer globalement 117 puits en effort propres. Le forage de ces puits de gaz de schiste rentre dans le cadre du programme de forage de onze puits sur une période de 7 à 13 ans que le Conseil des ministres avait autorisé en mai dernier. Des forages qui permettront de cerner davantage le potentiel en hydrocarbures non conventionnels (gaz et huiles de schiste, gaz compacts...) et dont le développement et l'exploitation seront progressifs. A ce propos, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi indiquait récemment que des tests sont déjà effectués au niveau de certains bassins sédimentaires contenant des hydrocarbures de ce type. Il s'agit d'évaluer le potentiel et la qualité de la roche-mère ainsi que la faisabilité technique et économique de l'exploitation desdits hydrocarbures. Déjà en 2012, comme le rappelle le communiqué du Conseil des ministres, Sonatrach avait réalisé le premier forage schiste à Ahnet, situé au sud d'In Salah. Un puits expérimental qui lui a permis d'approfondir davantage ses données sur les réserves gazières non conventionnelles de ce bassin. Les études croisées menées sur ce gisement par la Sonatrach et aussi par des bureaux de consulting internationaux ont permis au groupe d'avoir une meilleure estimation du potentiel du sous-sol, ce qui est très encourageant. Outre Ahnet, l'Algérie compte six autres bassins renfermant le gaz de schiste, selon une étude réalisée par le département américain de l'énergie (DoE) en collaboration avec la firme américaine Advanced Resources International, une société de consultants des industries des hydrocarbures à l'échelle internationale. Il s'agit des bassins de Mouydir, Berkine-Ghadamès, Timimoun, Reggane et Tindouf qui contiennent des réserves techniquement récupérables, précise la même étude. Notons qu'en juin 2013, le Département américain de l'Energie avait classé l'Algérie au troisième rang mondial des réserves récupérables de gaz de schiste avec 19 800 milliards de m3. Ainsi, les premières indications disponibles laissent entrevoir des capacités nationales «appréciables» en gaz et huile de schiste ainsi que des perspectives «prometteuses» en termes de quantités récupérables, notait le communiqué. Une expérimentation qui se poursuit parallèlement à la quête du partenariat étranger dans ce domaine. Ainsi, le Conseil des ministres avait donné son accord pour le lancement des procédures requises en direction des partenaires étrangers. «Les projets d'accords pour entamer les prospections seront soumis le moment venu à la décision du Conseil des ministres», soulignait ce communiqué. Un partenariat qui devrait être rapidement boosté, dans la mesure où des contrats de recherche et exploitation d'hydrocarbures seront signés début octobre prochain. En effet, l'Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT) avait lancé en janvier dernier un appel à concurrence pour la recherche et exploitation d'hydrocarbures, portant sur 31 périmètres dont 17 périmètres de ressources non conventionnelles, dont les plus importants sont situés à Tindouf, Timimoun, Reggane , Berkine, Illizi, Mouydir. Au-delà de leur nombre, les contrats qui seront signés par les opérateurs retenus permettront d'enclencher la phase effective d'exploration et d'exploitation des gaz de schiste. En d'autres termes, le processus de valorisation des gaz de schiste est enclenché de manière irréversible, malgré la controverse à ce propos et la nécessité de réunir les meilleures conditions d'ordre logistique, technique, financier et environnemental. Notons que la valorisation de ces hydrocarbures, incontournable selon le ministre de l'Energie qui s'est montré soucieux de l'indépendance énergétique du pays, reste cependant assez problématique pour nombre d'experts, hommes politiques et acteurs de la société civile, soucieux quant à eux des risques qu'elle génère sur le plan notamment environnemental et de la nécessité d'une implication des citoyens.