«52 ans après l'indépendance pour laquelle mes parents ont payé un lourd tribut, je n'ai même pas une adresse au nom de mon village», argumente en pleurs un fils de chahid d'Ath-Azouane, une composante de quatre villages qui est montée au créneau hier en fermant les sièges de l'APC et de la daïra pour exiger un statut à leur village de 700 habitants, qui dispose de sa propre mosquée, d'un cimetière et d'une topographie. Des villages «distincts l'un de l'autre, où chacun a sa propre gestion interne et externe » et dont deux jouissent d'un statut de village à part entière. Une reconnaissance officielle de ce qu'ils considèrent comme un droit derrière lequel affirment courir vainement depuis 20 ans ces villageois qui, à leurs yeux, n'ont pas d'existence géographique légale vis-à-vis de l'Etat puisque sur les fiches de résidence, ils ont comme mention «réside à Ath-Azouane, village Aït-Feraâch». La grogne des habitants est surtout dirigée à l'endroit de l'APC qui, en guise de délibération, aurait aggravé la situation en renforçant le lien tutélaire dont tente de se défaire Ath-Azouane en le qualifiant de «lieu-dit», ce qui va à contrario des directives du chef de daïra avec lequel ils ont tenu une séance de travail et qui aurait, selon eux, ordonné à ce qu'on leur attribue des fiches de résidence et un bureau de vote au nom du village, déclarent-ils. Outrés, les Ath-Azouane indexent l'hypocrisie de l'Etat, qui ne les reconnaît comme villageois à part entière que dans des circonstances où il tire avantage : durant les élections où les convocations portent l'adresse du village, pendant la décennie noire où ils ont organisé une vigilance en leur nom, pour recueillir leur aval dans le projet de CET et dans le calendrier de permanence des Arouch. A l'appui de leur revendication, les Ath-Azouane réclament ainsi, selon leur porte-parole, leur part intégrale de développement qu'ils ne veulent pas disputer aux autres composantes des Ikhlijen. Le chef de daïra, avec qui on a abordé ce sujet il y a quelques jours, nous a renvoyé pour sa part au concept de territorialité qui régit, selon lui, ce genre de problématique. A ce jour, une réunion regroupant les contestataires, la daïra et l'APC est convoquée pour débattre de ce sujet chaud. S. Hammoum Les cw 128 et 147, les sièges APC et daïra de Maâtkas fermés hier par les habitants d'Iberkoukène Les habitants des 15 villages d'Iberkoukène (Berkouka), dans la commune de Maâtkas, ont procédé tôt dans la matinée d'hier à la fermeture des CW 128 reliant Boghni à Tizi-Ouzou et le CW147 reliant Mechtras à Tizi-ouzou via Maâtkas, mais aussi les sièges APC et daïra de Maâtkas pour protester contre la lenteur dans la prise en charge de leurs problèmes liés au développement local. Les villageois ont organisé un sit-in de protestation et ont exigé la présence des autorités de la wilaya pour exposer leurs doléances plus particulièrement celles inhérentes à l'alimentation en eau potable, le revêtement des chemins vicinaux, l'habitat rural, l'assainissement et enfin la téléphonie fixe qui n'existe que dans le chef-lieu communal. Les délégués des villageois ont refusé toutdialogue avec les autorités locales. Une délégation de la wilaya regroupant les directeurs de l'exécutif des secteurs concernés par les problèmes soulevés par les protestataires était attendue dans l'après-midi d'hier. Les principales axes routiers de la région restaient encore fermés hier. Nous y reviendrons. Amayas Idir Des agriculteurs défient les intermédiaires Chute record des prix des fruits et légumes Des agriculteurs producteurs ont fait chuter sensiblement les prix des fruits et légumes à Tipasa suite à leur résolution, prise à l'occasion du mois sacré du Ramadhan, de vendre par eux-mêmes leurs produits à des prix «défiant toute concurrence» au niveau du marché de proximité des fruits et légumes de la ville. De nombreux agriculteurs ayant pris part à cette opération, organisée par la Chambre d'agriculture, en coordination avec la Direction du commerce et des services agricoles de la wilaya, se sont félicités de l'accueil «fort satisfaisant» réservé par les citoyens à leur action, exprimant leur détermination à lutter contre les intermédiaires et les spéculateurs «dont la nuisance touche aussi bien le producteur que le consommateur», ont-ils déploré. Selon Mouterfi Belarbi, un fellah de la région ayant contribué à l'opération, l'implication du producteur dans une telle initiative, constituant actuellement le «sujet de l'heure» au niveau de la ville de Tipasa, est avant tout «d'ordre éthique et religieux», car le mois de Ramadhan est «le mois de la charité, de l'entraide, de la Baraka et des bonnes œuvres», a-t-il soutenu, observant que celui qui «cherche le gain facile a toute l'année pour le faire». «Notre participation à ce marché a également pour objectif d'effacer cette mauvaise image que certains ont des agriculteurs», a ajouté M. Mouterfi, assurant que le fellah «peine et travaille dur» tout au long de l'année pour une marge bénéficiaire très faible, comparativement aux intermédiaires «qui nous font mauvaise réputation, en spéculant sur les prix», a-t-il observé. Estimant, à cet égard, que «la vente directe aux consommateurs est l'unique moyen de mettre un terme à la spéculation», il a exprimé son vœu de voir les producteurs des autres wilayas suivre l'exemple de ceux de Tipasa, «du moins durant le mois sacré de Ramadhan», a-t-il précisé. Un couffin bien rempli pour 1 000 DA, contre 3 000 DA au niveau d'autres marchés Une grande affluence caractérise chaque jour le site du marché situé dans la cité administrative, à l'entrée est de la ville de Tipasa, où femmes et hommes convergent de bon matin, afin d'acquérir fruits, légumes et viandes à des «prix alléchants», défiant les prix pratiqués au niveau des autres marchés de la wilaya, selon le constat fait sur place par l'APS. Un seul tour des étals est très édifiant. Tous les légumes et fruits, sans distinction aucune, sont proposés à des prix ne dépassant pas les 50 DA le kilo. Les prix sont en effet de 10 DA pour le kg d'oignons, de 35 DA pour le kg de pomme de terre, de tomates, de courgettes, navets et carottes, pour arriver à 50 DA pour les haricots verts ou rouges. Bien plus, tous les légumes et fruits proposés au niveau de ce marché sont d'une «parfaite fraîcheur» bien visible. «Des produits de bonne qualité sentant bon la terre», comme l'a si bien dit, Mehdi, un chaland rencontré sur place. En tout, ils sont 33 fermiers producteurs à proposer leurs produits au niveau de ce marché de proximité de 600 m2, demeuré inexploité à longueur d'année pour des raisons inconnues. Le wali de Tipasa, Mustpha Layadhi, s'était engagé lors d'une récente visite de ce site, à œuvrer avec la Chambre d'agriculture, en vue de le transformer en un espace d'exposition des produits agricoles. Il a conditionné cette action par l'élaboration d'un cahier des charges engageant les exposants à la vente directe de leurs produits aux consommateurs, dans une démarche de plafonnement des prix des fruits et légumes, au niveau de cette wilaya à vocation agricole par excellence. Tipasa : une longue histoire avec les prix des fruits et légumes Les habitants de Tipasa ont pendant longtemps enduré la cherté excessive des fruits et légumes, en l'absence, dans leur ville, d'un marché de fruits et légumes, fait acculant de nombreuses familles à aller s'approvisionner, chaque semaine, au niveau des marchés de Hadjout, Cherchell et Koléa. Cette situation était à l'origine de la prolifération du commerce informel des fruits et légumes sur les trottoirs et les bords de route, ainsi que de la mainmise exercée par 3 ou 4 commerçants du domaine sur les prix de ces produits, qui étaient chèrement payés. Pour certains consommateurs, ces prix excessifs s'expliquent par l'«absence d'une véritable concurrence», ajoutée au fait que ces commerçants exploitent la vocation touristique de leur ville, nécessitant, selon eux, un «budget exorbitant pour y vivre». La même explication est avancée par les directeurs du commerce et des services agricoles de la wilaya, qui ont cependant affirmé l'engagement des pouvoirs publics à faire «réduire les prix, à travers l'encouragement de telles initiatives, et l'incitation des fermiers producteurs à y adhérer». Le directeur du commerce, Biter Sassi, a annoncé, dans ce sens, la prochaine réception de 14 marchés de proximité, dont un au centre-ville de Tipasa. Ce responsable a estimé, à cet égard, à 50% la baisse des prix des fruits et légumes au niveau du marché de proximité de la cité administrative, comparativement aux autres commerces de ces produits.