Un rude débat déchire l'oumma footballistique. D'un côté, tu as les méchants antipatriotes. Ils se foutent, eux, de ce que Marine Le Pen mêle sa voix raciste au chorus indigné qui fustige ces casseurs qui, drapeau algérien brandi, ont une drôle de façon de fêter la victoire de leur équipe. C'est de l'ordre de la psychiatrie, disent-ils : comment, — pourquoi — célèbre-t-on une victoire dans la violence ? Ils feraient mieux de se casser plutôt que de casser, s'indignent les antipatriotes alliés, malgré eux, à l'extrême-droite xénophobe. De l'autre côté, tu as les gentils patriotes. Au pire, pour eux, c'est encore une manœuvre lepéniste pour nous avilir. Au mieux, le fait est anecdotique. Quelques jeunes excités qui font un peu de grabuge, c'est rien. La presse fait monter la mayonnaise. Un sous-groupe, parmi les patriotes, se défend : pis-d'abord, ce n'est pas des Algériens ; ils sont nés en France ; ce sont vos enfants, pas les nôtres ; s'ils sont mal élevés, c'est vous qui avez péché. Un autre sous-groupe des patriotes, à qui on ne la fait pas, et dont je fais partie, est persuadé que les casseurs sont des racistes déguisés en wantoutristes et infiltrés parmi nous pour ternir notre image. Ils y arrivent bougrement, ma foi ! Arris Touffan