Le ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a clôturé, avant-hier mardi, la série des consultations quotidiennes qu'il menait depuis le 1er juin dernier, autour du projet de révision de la Constitution. Dans un communiqué plutôt «technique» rendu public hier mercredi par la présidence, l'on fixe à 114 rencontres au total, en plus d'une trentaine de contributions écrites «émanant d'anciens responsables, d'universitaires et de diverses associations», comme nombre de partenaires consultés. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Ouyahia avait pour rappel, et contrairement à une opération similaire confiée en 2011 à Abdelkader Bensalah, accompli en solo cette mission pour le compte de Abdelaziz Bouteflika. Les invités de Ouyahia qui se sont succédé à la présidence parmi les responsables de partis politiques, du mouvement associatif et syndical , d'anciens responsables ou de personnalités nationales ont tous fait des propositions ou donné des avis s'agissant de la prochaine mouture de la Constitution. Mais, et la suite ? «Les contributions ainsi reçues par le cabinet de la présidence de la République, apprend-on via le communiqué, feront l'objet d'une synthèse et d'une exploitation fidèle qui s'étalera jusqu'à la fin du mois d'août prochain. Par la suite, le dossier sera soumis à M. le président de la République qui décidera des étapes à venir du processus de révision de la Constitution». Dans un précédent communiqué, le cabinet de la présidence avait par ailleurs précisé que «les portes resteront toujours ouvertes» pour d'éventuelles autres propositions, émanant notamment de l'opposition dont la grosse partie avait boycotté ces consultations. Bouteflika, dont c'est le projet, optera-t-il pour la voie référendaire ou alors se suffira-t-il de l'approbation du Parlement pour parachever ce processus de révision de la Constitution le plus long et le plus «imprévisible de l'histoire» ? Le mystère demeure entier à ce propos, Ce qui est certain en revanche, ce vieux projet de Abdelaziz Bouteflika qui n'a jamais caché son aversion pour la Constitution de Liamine Zeroual, n'avait pas hésité à la dépouiller de sa substance même , en novembre 2008 : pour pouvoir postuler à un troisième mandant, Bouteflika fera sauter l'obstacle, l'article 74 qui limitait les mandats présidentiels à seulement deux, via une révision constitutionnelle improvisée à cinq mois des élections d'avril 2009 ! A l'époque déjà, il s'était engagé à «revenir à la charge» par une autre révision constitutionnelle encore plus «profonde». Un engagement qui traînera en longueur avant d'être «brandi» à nouveau comme dernière carte sous la pression des terribles événements sur la scène internationale du début 2011. Le 15 avril 2011 en effet, Bouteflika prononçait un discours à la nation, l'air extrêmement épuisé et affaibli, à l'époque déjà, pour annoncer une série de «réformes politiques» dont la révision de la Constitution. Dès le mois de juin, il chargera Bensalah de mener des consultations similaires à celles que vient de mener Ouyahia, autour de cette révision constitutionnelle. Il était question de procéder à cette même révision en 2012. Il n'en sera rien. La pression sociale et internationale étant autrement moins pesante, Bouteflika préférera temporiser en prévision de l'élection de 2014. Début 2013, une commission «alibi» dénommée la «Commission Kardoune» sera installée par Abdelmalek Sellal avec pour mission, la préparation de la nouvelle mouture de la Constitution. En réalité, Bouteflika avait prévu de procéder à la révision de la Constitution, avec «sa mouture» préalablement préparée pour lui par Mohamed Béjaoui, Boualem Bessaïeh et Missoum Sbih en mai 2013 ! Or, son terrible AVC qui le frappa le 27 avril fera tout ajourner. Y compris le remaniement du gouvernement Sellal qui n'interviendra qu'en septembre 2013. La suite est connue, Bouteflika accomplira son coup de force pour imposer son quatrième mandat et, après coup, reprend le projet de révision de la Constitution dont la finalité non avouée n'étant que de faire adapter les institutions du pays à l'état de santé de l'encore patron d'El Mouradia !