Le cycle infernal de la violence meurtrière ne finit pas à Ghardaïa où un autre Mozabite a été tué jeudi matin, au quartier Aïn Lobo, dans des circonstances non élucidées. Des affrontements entre Arabes et Chaâmbis ont éclaté au quartier Souk Lahteb et se sont poursuivis le soir après le F'tour à Aïn Lobo et vendredi au quartier Baba Saâd vendredi, témoignent différentes sources locales. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) La victime, soulignent les mêmes sources, serait morte après avoir été ciblée par des jets de pierres. Des circonstances similaires, donc, à celles dans lesquelles était assassiné le jeune Aouf El Yassa le 29 juin dernier. Les autorités locales contestent cette version des faits et évoquent, elles, un accident de la circulation. Le wali de Ghardaïa est venu à la suite de la police soutenir cette version, rejetant du coup la demande mozabite d'ouverture d'une enquête. En conférence de presse, le wali a parlé d'un accident de la route. Une déclaration qui n'a pas été du goût des Mozabites qui ont manifesté jeudi après le f'tour. L'intervention de la gendarmerie a donné lieu à des affrontements au centre-ville de Ghardaïa. Des habitations et des commerces ont été incendiés dans des violences qui ont impliqué les jeunes des deux communautés mozabite et arabe. Plusieurs quartiers de Ghardaïa affichaient vendredi un décor de sinistre. Les commerçants mozabites ont observé une grève générale. La situation était extrêmement tendue. Des affrontements continuent d'éclater de manière sporadique, à l'instar de ceux enregistrés au quartier Baba Saâd. Un cimetière mozabite aurait été profané. La reprise des violences intercommunautaires à Ghardaïa est intervenue au lendemain de la déclaration du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, qui, sollicité par la presse, a annoncé un plan sécuritaire pour la région. «Le gouvernement a tracé un plan pour restaurer la sécurité et rétablir l'ordre public à Ghardaïa. C'est un plan élaboré sur la base de la raison et de la sagesse. Les pouvoirs publics ont été instruits de l'appliquer (...)», a affirmé mercredi Belaïz, en marge d'une séance plénière à l'APN. Faut-il noter que la démarche du gouvernement relativement à la crise sécuritaire à Ghardaïa n'a pas donné de résultats probants. Elle est même un échec, au regard des affrontements violents qui se sont poursuivis depuis la mission de bons offices effectuée sur place par le Premier ministre Abdelamlek Sellal. Le Premier ministre s'était rendu, en effet, à Ghardaïa la veille du Maoulid Ennabaoui pour tenter de concilier entre les communautés mozabite et arabe. La démarche est inaboutie. Depuis, les affrontements n'ont pas cessé. D'autres morts sont à déplorer, dont deux depuis le début du mois de carême. La question qui se pose est celle de savoir pourquoi la violence n'est toujours pas endiguée dans la vallée du M'zab, en dépit aussi du renforcement du dispositif de sécurité. Les Mozabites, qui ont protesté mardi dernier devant le siège de la wilaya de Ghardaïa et devant la Maison de la Presse à Alger ont réitéré ce questionnement. Pour eux, il y a des mains pyromanes qui attisent le brasier ? Qui sont-elles ? A quelles fins agissent-elles ? Seule une enquête sérieuse répondra à ces questions.