Le seul moyen de se faire entendre c'est de ne pas se taire, car le silence est synonyme de complicité, voire d'acceptation, donc parlons et écrivons au risque de disparaître à jamais ou d'aboutir à une vie meilleure et surtout pas ailleurs ! En ce sens et après un énième constat d'injustice, de non-équité et de non-gestion, je me permets aujourd'hui de prendre l'initiative pour agir au profit de ces «vétérans adjaza» devenus encombrants et gênants pour une société qui a fait des expressions «bonne gouvernance» et «el aaza wa el karama» ses vecteurs directeurs. En conséquence, l'hospitalité des colonnes de votre journal est plus que souhaitable. Dévalorisation, mépris, oubli et injustice. Ces vétérans «adjaza» qui, hier seulement, étaient les bâtisseurs mais pas les destructeurs de l'Algérie indépendante, des producteurs de richesses et non de consommateurs budgétivores, des éducateurs formateurs et non des réformateurs, des résistants et non des hésitants durant la décennie noire, devenus de nos jours des victimes et non des intimes de la tragédie nationale, ont su comment relever le défi des exigences d'une économie prospère qui était au même rang que celle de certains pays aujourd'hui tout simplement développés. Ces vétérans «adjaza» ont été pressés comme des citrons dont le zest n'est même pas utilisé à bon escient ; comble de l'ironie, ils sont méprisés, oubliés, laissés pour compte, marginalisés, voire honnis de la société et surtout dévalorisés pour une certaine catégorie socioprofessionnelle. Qu'ont-ils fait ces vétérans «adjaza» pour mériter un tel sort et être mis pratiquement tous hors bord ? La réponse doit être certainement chez les décideurs, chez les législateurs et notamment chez les pseudo-représentants de ces ex-trimeurs. Le bon vouloir des décideurs Des décideurs qui utilisent comme seul outil d'aide à la prise de décision le rapport de forces dont l'aboutissement logique demeure inéluctablement le populisme, sinon comment expliquer l'importance des écarts dans les différentes revalorisations enregistrées depuis l'année 2008, pour toutes les catégories sociales ? Les évolutions disproportionnées des salaires et des pensions illustrent on ne peut mieux ce dernier constat ! Ce qui laisse le citoyen lambda à conclure que les vétérans «adjaza» vivent dans un pays autre que celui des actifs avec un niveau de vie particulier ou tout simplement déjà dans l'au-delà ! Les taux de revalorisation appliqués ainsi que le barème IRG en vigueur favorisant une catégorie socioprofessionnelle et lésant une autre remettent en cause la notion d'échelle des valeurs et déséquilibrent la classification établie du temps de l'exercice de l'activité professionnelle effective. Ainsi avec les années qui passent, du point de vue salaire, l'ex ou l'actuel agent d'exécution devient cadre à la retraite et l'ex- cadre devient tout simplement agent d'exécution ! Une situation paradoxale, anormale, pénalisante, dévalorisante, indigne, donc inadmissible, et qui n'obéit à aucune logique si ce n'est à celle de l'égalitarisme confirmant celle du populisme. Des législateurs qui pondent parfois des textes ne tenant compte d'aucune réalité et/ou d'objectivité à même de garantir à tout un chacun le bénéfice dans des conditions identiques, des mêmes droits. Sinon comment justifier la non-comptabilisation des années du service national dans le cadre de la retraite proportionnelle pour les travailleurs ayant choisi de résister aux affres de la décennie noire, alors que ceux qui étaient internés durant cette même période voyaient toutes les années prises en compte dans le cadre de la loi portant réconciliation nationale ? Pourquoi ce «deux poids, deux mesures» ? La réconciliation est bien dite «nationale», non ? Ses effets bénéfiques devraient n'omettre aucune frange de la société, ainsi l'Algérie n'en sortira que grandie ! Ah ! si ces actuels vétérans «adjaza» savaient, leur jeunesse aurait pu les guider vers l'autre voie qui s'est avérée plus avantageuse. Comment expliquer les retenues à la source d'impôts tandis que les gros bonnets «essahab echkara» continuent d'évoluer souvent dans un paradis fiscal ? Des représentants qui ne veillent, dans la plupart des cas, qu'à représenter eux-mêmes, au vu de la situation des ces mesquins, de ces omis et marginalisés du monde du travail, qui pourtant dans le passé n'ont fait que servir au péril de leur vie, dignement et honnêtement, leur pays. Messieurs les décideurs, législateurs et pseudo-représentants, soyez conscients dans tout ce que vous entreprendriez, car ce monde bouge et vous avec ! Demain vous serez logés inéluctablement à la même enseigne, à vous de vous ressaisir et corriger votre copie avant qu'il ne soit trop tard. A moins que... Juste un peu de bon sens et de «benchmarking» La correction suggérée pourrait porter notamment sur ce qui suit. Repenser le système de retraite actuel ne ruinera certainement pas notre pays, ce faisant, sa réforme ne fera que contribuer à l'instauration d'une meilleure justice sociale en veillant à l'octroi des mêmes droits aux «victimes» de la tragédie nationale (appelés, rappelés ou internés), l'élimination de toute forme de division des retraités en renforçant par là même leur solidarité, la mise en place de leviers à même de garantir le respect des compétences et notamment celui des valeurs, la dignité bafouée par le bricolage qui se faisait et qui continue à se faire ainsi qu'à l'équilibre dans l'évolution du revenu de chaque couche de ces vétérans «adjaza». Revoir également le site web de la CNR ne fera qu'améliorer davantage les prestations assurées par cette dernière. Dans la ligne de cette action, il est opportun de prévoir un espace personnel pour chaque allocataire ou pensionné en lui octroyant des identifiants pour lui permettre d'y accéder. L'objectif attendu est de réduire, sinon limiter, tout déplacement vers ladite caisse, compte tenu de l'âge avancé de ces vétérans «adjaza». L'espace personnel préconisé devrait permettre à chaque retraité de connaître et de suivre à tout moment sa situation financière et administrative (versement et calcul de pension ou allocation, mise à jour éventuelle de son dossier administratif), de télécharger et d'imprimer tout document le concernant (attestation de revenu, relevé de versements), d'échanger du courriel avec ladite caisse, et enfin d'être informé de ses droits et de toute nouvelle qui serait d'actualité. Copier/coller avec des modifications dans l'optique d'améliorations, c'est du «benchmarking», non ? Donc un peu plus d'effort, messieurs les décideurs, pour rendre à chacun juste le fruit de son labeur ! Merci au journal Le Soir d'Algérie et notamment à son équipe du «Soir Retraite».