Ce n'est pas parce que tu as fait rénover le Temple suprême du football, le Maracaña, et que tu m'y as envoyé auréolé de la gloire de tes enfants que la messe était d'avance dite. Depuis que l'Albiceleste a été sélectionnée à la finale de la Coupe du monde, les prières de tout le peuple argentin te parvenaient en processions humbles mais tout de même un poquito insistantes. Les miens voulaient emporter l'urne d'or à la casa, ça se conçoit. Ça fait si longtemps que les agapes nous boudent ! Et évidemment, comme toi, ils comptaient sur Bibi pour que j'accomplisse le miracle auquel mon patronyme zaâma me prédestine. Ce qui m'a paralysé, c'est moins la ruse remuante de ce Lucifer de Neuer que cette attente mystique : Messi va, à lui tout seul, en Saint-Michel des crampons, terrasser le dragon allemand ! Eh non, ça ne se passe pas comme ça. Tu es peut-être un Bon Dieu mais un piètre stratège en football. Plus que des archanges au-dessus de ma tête, il eût fallu que tu me places aux ailes et en milieu de terrain quelques apôtres dribbleurs en diable. Le ballon ne vient pas tout seul et quand je le distribue, il faut bien qu'il tombe sur quelqu'un, non ? Et puis, permets-moi, cette confession : tu es beaucoup moins généreux avec moi que tu ne l'as été avec Maradona en 1986. Lui, tu lui as carrément prêté ta main pour marquer un but. Ton Messi. Arris Touffan