Ouverture de plusieurs chantiers relatifs à la réforme de l'éducation. Si la ministre de l'Education envisage l'application de nouvelles dispositions dès la rentrée prochaine, les syndicats pour leur part, craignent que la précipitation n'engendre les mêmes incompréhensions et dysfonctionnements nés de la réforme de 2003. Nawal Imès - Alger (Le Soir) L'enthousiasme de Nouria Benghebrit n'a visiblement pas contaminé les partenaires sociaux. Si cette dernière compte mettre en application quelques décisions relatives au volume horaire et à la réorganisation de la voie scolaire dès la prochaine rentrée, les syndicats ont une autre approche. Ils disent préférer à la précipitation une démarche graduelle qui permettra d'éviter les erreurs de 2003. La ministre de l'Education avait en effet donné le ton à l'ouverture de la conférence nationale sur l'éducation en évoquant les vastes chantiers que le secteur devra entreprendre. Il s'agit pour Nouria Benghebrit d'un bilan d'étape qui fait suite à la large consultation initiée par Baba Ahmed. Une approche que la ministre veut «systémique», basée sur une vision progressiste et éclairée par des études et enquêtes. Face à un parterre composé de la grande famille de l'éducation et dans une salle qui s'est avérée trop exiguë pour contenir l'assistance, la ministre de l'Education a déroulé son plan d'action. Quatre axes de réflexion sont ouverts : les programmes, la formation des formateurs, l'égalité des chances et la modernisation des modes de gestion. De grands défis attendent le secteur, dit-elle, notamment en ce qui concerne la généralisation du préscolaire et la garantie de l'enseignement des langues étrangères à tous les élèves sans compter la révision des livres scolaires et la garantie de l'enseignement aux élèves ayant des besoins spécifiques. Pour la ministre de l'Education, il est temps d'instaurer une charte d'éthique qui serve de ligne directive à tous les enseignants. Il faudra attendre cependant de connaître les conclusions des travaux en atelier pour savoir quelles mesures seront retenues. Réunis en ateliers, les participants ont planché sur les 400 propositions recueillies lors des consultations nationales. Les participants rendront en effet leurs conclusions cet après-midi en attendant que Nouria Benghebrit ne tranche. Il est attendu que dès la prochaine rentrée scolaire, des décisions soient prises. Pour Messaoud Boudiba, il s'agit d'une précipitation non justifiée qui risque de mener le secteur vers la même situation vécue en 2003. S'il existe, dit-il, des problèmes urgents auxquels il faut trouver une solution comme la surcharge des classes, le fameux seuil pour le baccalauréat, la perte de crédibilité de cet examen, d'autres dossiers nécessitent selon lui davantage de temps. Pour sa part, le porte-parole de l'Unpef a estimé qu'une conférence nationale n'était pas le cadre adéquat pour prendre les décisions mais que les conférences pédagogiques étaient plus appropriées. Il estime que la conférence organisée par le ministère était bonne pour «la consommation médiatique» sans plus. Ils rencontrent la ministre de l'éducation cette semaine Les syndicats reviennent à la charge A peine la conférence nationale terminée que la ministre de l'Education recevra les syndicats du secteur. Des rencontres bilatérales sont en effet prévues avec chacun des syndicats. Il ne s'agit nullement de formalités mais de réunions au cours desquelles les syndicats comptent revenir à la charge pour exiger que la tutelle et l'exécutif honorent des engagements pris lors des négociations menées par la Fonction publique après plusieurs semaines de grève. Les syndicats exigent un calendrier et le passage du stade des promesses à celui de la mise en œuvre. Mercredi, le Cnapest ouvrira le bal. Messaoud Boudiba, son porte-parole, considère que trop de dossiers sont encore en suspens et mériteraient clarifications, notamment en ce qui concerne les enseignants qualifiés de «en voie d'extinction» par le statut particulier. Sur ce dossier, le Cnapest dit attendre une réponse rapide au regard de l'injustice qui frappe des milliers d'enseignants ayant un capital expérience non négligeable. Le Cnapest compte également sur l'ouverture du dossier des irrégularités contenues dans le statut particulier et pour lesquelles il exige également des réponses rapides et surtout un calendrier précis. Jeudi, ce sera au tour de l'Unpef d'être reçue par Nouria Benghebrit. Messaoud Amrioui, son porte-parole, estime que non seulement le procès-verbal signé entre son syndicat et la Fonction publique en février dernier n'avait pas été respecté mais que depuis un recul a été enregistré sur certaines questions comme c'est le cas pour la récente directive exigeant des enseignants du primaire une spécialisation pour pouvoir exercer. Il fait part, lui aussi, de l'urgence de revoir les inégalités contenues dans le statut particulier.