Le colonel Si Hassan, l'un des successeurs à la tête de la wilaya IV historique et président de la Fondation consacrée au patrimoine historique, en fait une affaire prioritaire puisqu' il est allé jusqu'à interpeller personnellement et par des canaux les plus officiels, les trois présidents qui se sont succédé à l'Elysée et ce depuis Jacques Chirac. L'ancien officier de l'ALN réclame à la France le corps du colonel Si M'hamed Bougara, de son vrai nom Ahmed Bougara, tombé au Champ d'honneur le 5 mai 1959 au village Ouled Bouachra dans le sud de la wilaya de Médéa. Ce jour-là l'armée française a, singulièrement, mobilisé une immense armada militaire y compris l'aviation pour encercler le colonel Bougarra et son escorte. Le lendemain de cette bataille, des moudjahidine se sont rendus sur le champ de bataille pour enterrer les moudjahidine morts. Ils ont enterré leurs compagnons de lutte mais ils n'ont trouvé aucune trace du chef de la wilaya IV. C'est la version des faits que tout le monde connaît. Quelques témoins indirects qui ont laissé des écrits étaient certains que le colonel Bougara a été récupéré gravement blessé ou décédé par l'armée française. C'est précisément cette certitude qui pousse Youcef Khatib dit colonel Si Hassan à persévérer dans sa démarche. Il a certainement raison de persister dans sa demande. En effet, la France aurait-elle observé le silence si d'aventure le corps de celui qui symbolise la résistance contre le nazisme, Jean Moulin en l'occurrence, avait été séquestré par l'Allemagne ? Et le gouvernement algérien que compte-t-il faire pour récupérer le corps de l'un des chefs politico-militaires qui symbolise de la meilleure façon la Révolution de Novembre ? C'est la question que nous avons posée au ministre des Moudjahidine Tayeb Zitouni, en visite ce lundi dans la wilaya de Boumerdès dont la grande partie du territoire fait partie justement de la wilaya IV. Apparemment rien. La réponse du représentant du gouvernement est évasive et hors propos. Il s'est par contre contenté de nous parler des efforts que font les autorités afin de récupérer les archives françaises liées à la période coloniale. Le ministre des Moudjahidine considère-t-il que les ossements de l'un des chefs militaires de premier ordre du FLN/ALN, qui a participé au congrès de la Soummam, à la fameuse réunion des colonels et qui avait une proximité politico-militaire avec le colonel Amirouche, comme de simples archives ? Le ministre, dont la visite a été a priori décidée à la dernière minute, est venu à Boumerdès pour baptiser le centre de formation des pêcheurs de Zemmouri-El-Bahri (Courbet Marine) qui portera désormais le nom du chahid Boualem Bakour. A Zemmouri ville (Courbet) Zitouni a dévoilé la plaque qui attribue au nouveau lycée le nom des Frères Rial, Ali et Mohamed martyrs de la guerre de Libération. La même opération a été réalisée dans la ville de Boumerdès où la polyclinique du centre-ville portera désormais le nom du chahid Mohamed Bouyahiaoui. Etrangement, le ministre n'a pas daigné visiter les trois établissements baptisés. Chacune des trois cérémonies a duré pas plus de cinq minutes. Par la suite Tayeb Zitouni, guidé par le wali Kamel Abbès, a visité le chantier du monument à la gloire du combat et les sacrifices pour la Liberté, qui sera certainement inauguré le premier novembre prochain. Cette stèle, qui coûtera sûrement une fortune, sera tout de même et d'après les maquettes et les explications fournies par les concepteurs et les réalisateurs, une véritable œuvre d'art. L'immense œuvre accomplie par Bougara et ses semblables mérite bien cette dépense.