Par Maâmar Farah Ce qui peut faire le plus de mal après un crash qui endeuille des familles et des nations est certainement l'incroyable facilité avec laquelle de nombreux journalistes traitent l'événement ! Ceux qui interviennent sur de tels sujets devraient avoir reçu une formation adéquate, comme cela se fait dans de nombreux pays. A titre d'exemple, lorsque BFM TV invite Michel Chevalier sur son plateau pour parler du sujet, elle s'adresse à un journaliste scientifique chevronné qui compte près de cinquante années de collaboration avec de nombreux titres, des radios et des télévisions dont TF1. J'ai le souvenir de ses articles instructifs sur les vols Appolo et notamment sa couverture du premier pas de l'homme sur la Lune, à la Une de «feu» France-Soir du 21 juillet 1969, exceptionnellement imprimée en couleurs. C'est vous dire ! Ce qui n'est pas le cas de ces charlatans qui avancent déjà que c'est un missile sol-air qui a touché l'appareil ou de ceux qui trouvent scandaleux que la France mène l'enquête, ignorant qu'une telle responsabilité revient au Mali en premier lieu et qu'il peut la déléguer à une puissance qui dispose déjà de tous les moyens dans cette zone difficile d'accès. Au lieu d'enquêter sur les conditions d'affrètement des avions, sur le «CV» de cette compagnie espagnole – et pourquoi ce «vieux» Mac-Douglas alors que beaucoup d'argent public est investi pour rénover la flotte d'Air Algérie qui compte parmi les plus jeunes au monde ? —, sur le niveau des pilotes espagnols de Swiftair – les nôtres étant cités en référence même en France—, étudier les cartes météo et faire intervenir des consultants, nous voilà embarqués dans une tragi-comédie avec les conclusions les plus fantaisistes. Le crash de beaucoup de nos journaux et télés est, lui, facile à expliquer : quand la politique et la religion s'invitent partout, la science ne peut que reculer...