Le front de mer de Kotama longeant la plage casino connaît une anarchie totale en cette période de grand rush d'estivants en quête de moments de détente et de décompression. Lors de notre passage dans cet espace qui constitue le coin de prédilection des familles estivantes à la tombée de la nuit et sous la chaleur suffocante qui sévit actuellement en ce mois d'août, nous avons été désagréablement surpris par l'état des lieux déplorable qui règne dans cet endroit censé être la vitrine du tourisme au chef-lieu de la wilaya : les trottoirs sont constamment squattés par «une armée» de vendeurs à la sauvette qui écoulent n'importe quoi et n'importe comment face à la démission des services de l'Etat. On dresse des étals de fortune au milieu des trottoirs gênant énormément les estivants déambulant sur ce front. On trouve de tout : des sandales pour femmes, des brochettes, des objets décoratifs, des ustensiles de cuisine, des vêtements, des sous-vêtements, des jouets pour enfants, de la friperie etc., en un mot une vraie dulala à ciel ouvert sous le nez des agents de l'ordre qui ont déjà du mal à gérer cette marée humaine qui se déverse quotidiennement sur cette esplanade avec sa brise de mer ou plutôt ce souk qui s'improvise malheureusement à une vingtaine de mètres des résidences de certains «responsables» locaux. Nous avons du mal à nous frayer un chemin au milieu de cette pagaille où on trouve aussi des jeunes jouant au billard et au baby-foot en pleine rue et pour clore le spectacle, des jeunes à vélo préfèrent emprunter les trottoirs. Un autre fait déplorable et face à la démission délibérée de l'Etat, des énergumènes sans foi ni loi imposent leur diktat en imposant clandestinement des taxes de 100 DA, sous le nez des agents de l'Etat et parfois avec la complicité de certains d'entre eux, aux automobilistes qui stationnent leurs véhicules aux alentours de ce quartier qui fut jadis la fierté de la ville de Jijel. Malheureusement, il est aujourd'hui sous l'emprise d'une bande de voyous qui, matraque à la main, font la loi dans la République de «Tag alamen tag». «On préfère payer 100 DA à ces autoproclamés gérants de parking que d'avoir une vitre cassée qui coûte 10 000 DA», ajoute un estivant rencontré à la terrasse d'une buvette en compagnie de sa famille. Le même décor sur la plage : des autoproclamés concessionnaires des plages barricadent la plage à l'aide de barrières métalliques et imposent aux baigneurs une table et quatre chaises et un parasol à 1 500 DA. Le squat de l'espace public est un phénomène qui prend des proportions alarmantes avec la complicité de certains agents de l'Etat dont la patte est graissée... par ces nouveaux caïds des lieux qui font la pluie et le beau temps dans cette ville transformée en parking gardé payant à ciel ouvert par la volonté de ceux qui sont censés gérer les affaires des citoyens. Il convient de souligner que ces parkings gardés payants sont gérés par des énergumènes structurés en gangs sous la protection de leurs complices dont l'identité est un secret de polichinelle... Ceux-ci font des pieds et des mains et font des interventions auprès de leurs chefs pour qu'ils aient le privilège de travailler sur la côte durant la saison estivale, synonyme de rente et de butin. Lors de notre virée nocturne à la plage de Kotama où une mafia de squatteurs s'est substituée à l'Etat, nous avons été désagréablement surpris par l'état des lieux : des tables de baraques de fortune dressées au milieu de ladite plage, des tentes géantes à partir desquelles fusent une musique de cabaret, des ordures jonchant le sol dans un désordre total. «El hala rahi hamla», peste un estivant âgé en compagnie de ses deux filles, rencontré à la sortie d'une buvette ou plutôt d'une baraque en tôle où la bouteille d'eau minérale se vend à 80 DA. En quittant le front de mer, jadis la fierté de la ville, nous avons l'impression d'avoir quitté le souk de Boumati à El Harrach et ses multiples paradoxes. Ceux d'une République ou «elghanima» est un constituant fondamental à défaut de la bonne gouvernance qui demeure toujours un discours rabâché par nos politicards, synonyme de la faillite d'un système de gouvernance dont le changement fait l'unanimité.