La grève enclenchée spontanément par les salariés algériens du complexe turc d'acier de Bethioua, a pris une tournure plus grave ce mardi en fin de journée. Après 4 jours de grève pour dénoncer le licenciement abusif et illégal de 5 délégués des travailleurs, la gendarmerie est intervenue ce mardi en fin de journée afin de disperser le piquet de grève observé par plusieurs centaines de travailleurs devant le site industriel du complexe. Une intervention «brutale alors que nous ne bloquions pas l'entrée du site», a raconté à la presse l'un des grévistes et qui c'est également soldé par l'arrestation de 15 salariés. Emmenés par la gendarmerie, ces derniers ont passé la nuit dans les locaux de la gendarmerie, et présentés devant un juge au tribunal de Bethioua hier matin. Alors que des centaines de leurs camarades s'étaient regroupés devant le tribunal attendant le verdict, l'audition des 15 salariés n'a pu avoir lieu en l'absence du juge. Ils ont été libérés avec une convocation pour se présenter au tribunal à la rentrée. Cette situation vient compliquer et durcir un mouvement de protestation sociale alors que les représentants des travailleurs algériens en grève tentaient de trouver une médiation en sollicitant le chef de cabinet du wali d'Oran. C'est d'ailleurs étrangement lors de cette audience que l'intervention de la gendarmerie a eu lieu, laquelle d'ailleurs a provoqué l'indignation de l'ensemble des grévistes, qui accusent les gendarmes de violences à l'encontre des salariés embarqués. Par ailleurs, le bureau d'Oran de la LADDH, a, dans un communiqué, dénoncé la situation faite aux travailleurs algériens de cette usine turque, le non-respect des lois algériennes, et l'intervention de la gendarmerie et l'attitude des autorités locales qui «ont pris la décision de considérer les syndicalistes comme des criminels, sinon des terroristes, à moins que les intérêts particuliers en jeu aient primé sur le devoir et le sens de la justice». Plus loin, le même communiqué termine en déclarant demander «une enquête sur le comportement des autorités locales qui semblent tout permettre à l'entreprise, en participant à la répression des syndicalistes et des travailleurs». Pour rappel, en mai dernier, une précédente grève de plus de 10 jours avait éclaté dans ce même complexe où les travailleurs entendaient dénoncer les «abus et décisions autoritaires des gestionnaires qui violaient les dispositions du code du travail algérien, et faisaient tout pour empêcher les travailleurs de désigner leur propre représentant». Depuis 4 jours, la direction du complexe reste silencieuse sur ces évènements.