Par Boubakeur Hamidechi [email protected] De tergiversations en compromissions, l'indéboulonnable ponte du syndicat historique a fini par mériter la plupart des sarcasmes ayant affublé sa trop longue carrière. en effet, aussi loin que l'on remonte dans son itinéraire personnel (sG à partir de février 1997) il est rare de lui trouver un semblant d'audace pour s'opposer au diktat du pouvoir en se prévalant du rôle naturel de défenseur des travailleurs. Définitivement taxé par ses pairs de la ceN de «pantin aux ordres» à l'origine de la désertification syndicale, ceux-là viennent d'entamer une étrange campagne contre sa réélection mais en sollicitant le secours du... palais ! Un émouvant appel qui signe et souligne la déliquescence d'une UGTa totalement livrée aux seuls desiderata du régime. La voilà donc cette aristocratie du syndicalisme ne sachant pas faire pour elle-même le ménage dans sa maison en ruine. il est vrai que celle qui fut longtemps la Mecque des travailleurs n'est plus qu'un dérisoire mur des lamentations où ne défilent que des implorants. Tout juste si l'on ne voit défiler dans les salles des pas perdus de la place du 1er-Mai que des vaincus mécontents déplorant la conduite condamnable du premier d'entre eux. en somme, le dernier carré de syndiqués dépourvus de pugnacité jusqu'à supposer que la résurrection de ce sigle doit impérativement passer par le «lâchage», voire la répudiation de celui qui a été adoubé par quatre fois. or, si les prémices du prochain congrès font manifestement état d'un changement de direction, les critiques visant exclusivement sidi saïd apparaissent, elles aussi, comme une démarche réductrice. autrement dit, le problème foncier de l'UGTa n'est plus une affaire de chaises musicales où les pions d'une même oligarchie changent de responsabilités dans l'échiquier. il exige de faire table rase de toute une génération de «professionnels » qui durant une décennie, au moins, ont contrôlé les fédérations et les unions de wilaya. il se situe par conséquent à des niveaux strictement doctrinaux, lesquels se sont dissipés au fil des pratiques quasi-mafieuses. Bref, la dérive ne pourra être endiguée que si des clarifications idéologiques sont faites préalablement et cela dans tous les pré-congrès de base. or contrairement à la volonté d'aller à l'essentiel de la crise nous entendons ici et là des voix qui ne se focalisent que sur les bilans déplorables d'un secrétaire général. Vindicatifs à souhait, leurs réquisitoires font pourtant abstraction des rôles tenus par les condottières cooptés par lui et qui sont devenus ses compagnons de route. ceux qui s'étaient souvent illustrés à ses côtés en applaudissant à la «ligne» imposée à la vocation syndicale. aussi est-il difficile d'ajouter du crédit à cette singulière campagne dont les animateurs appartenaient jusque-là au sérail de la place du 1er-Mai. Plutôt que d'assumer leur responsabilité collective dans l'effondrement de l'UGTa, ils se dédouanent en dressant des bûchers à leur parrain. certes, sidi saïd mérite bien plus qu'un procès politique, sauf que celuici ne doit en aucun cas être instruit par ceux qui ont partagé avec lui le cycle infernal de la dévitalisation des luttes syndicales. Dans l'inconfortable forteresse monopoliste, l'on sait qu'il n'avait pas été le seul à mener la douteuse opération antidémocratique en s'acharnant sur les courants autonomistes au prétexte qu'ils portaient préjudice aux «justes combats des travailleurs ». Pour preuve, le point d'orgue de cette lente déviation ne fut-il pas atteint en 2004 lorsque ce syndicat devint le relais officiel du régime lors des présidentielles ? Dès lors, elle sombra comme le ferait une institution sans ressort, ligotée par sa proximité avec le palais et surtout aspirée par le jeu malsain de l'exécutif d'etat jusqu'à en être éclaboussée à son tour par le scandale financier que l'on connaît. or, quel que soit le plaidoyer susceptible d'atténuer le degré de ses culpabilités personnelles, sidi saïd ne peut dorénavant se prévaloir de la moindre relégitimation à la tête de l'UGTa. après 17 années (1997-2014) passées à ferrailler, souvent en paroles et rarement sur le terrain syndical, ne devrait-il pas se résoudre, enfin, à céder aux «mauvaises sollicitations» venant d'en haut pour peu que la même charrette emporte avec lui tous les cumulards de la faillite qui, jadis, lui ont fait la courte échelle ?