Les vétérinaires jettent un pavé dans la mare : «Pendant que l'Algérie était en alerte maximale, en mai dernier, nous négociions des bons d'essence et de transport pour aller vacciner le bovin contre l'épidémie de la fièvre aphteuse.» Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) - La secrétaire générale du Syndicat national des vétérinaires fonctionnaires de l'administration publique, Dr Akali, lève le voile sur les véritables raisons ayant conduit à la propagation de l'épidémie de la fièvre aphteuse en Algérie. Dans une conférence de presse organisée jeudi, à Alger, elle a d'abord commencé par expliquer que la situation actuelle est due à une absence de stratégie de travail et d'organisation. «Nous avons soulevé le problème avec le ministère de l'Agriculture, en mai dernier, lorsque l'Algérie était en alerte maximale. Nous avons, ainsi, parlé de la nécessité d'accorder plus d'autonomie à l'inspecteur vétérinaire, qui reste otage de la bonne volonté du directeur des services agricoles de wilaya (DSA). La majorité des subdivisionnaires étaient en congé et les vétérinaires sont restés sans fax pour collaborer, ni voiture pour se déplacer. Pire encore, nous négocions des bons d'essence et de transport pour aller vacciner le bovin contre la fièvre aphteuse», dévoile-t-elle. Le Dr Akali affirme aussi que le ministre de l'Agriculture, Abdelwahab Nouri, na pas eu la bonne information, chose qui a conduit à la levée des restrictions et la réouverture des marchés à bestiaux en juin dernier. «Il faut savoir comment sont gérés les marchés à bestiaux de Bouira et Boudouaou, qui sont les plus importants. Il ne fallait pas donc prendre le risque de les rouvrir alors que l'épidémie était à nos portes», souligne-t-elle. Pour rappel, l'enquête des services vétérinaires après la détection d'un premier cas de fièvre aphteuse à Sétif, a révélé que la contamination était partie du marché à bestiaux de Bouira. L'Algérie vaccine n'importe comment Toujours dans la même lancée, le Dr Akali dévoile que ces dernières années, les campagnes de vaccination en Algérie, se font sans la moindre étude ou suivi. «Nous recevons les vaccins, nous les distribuons puis il n'y a jamais eu d'évaluation ou de suivi. Il faut savoir qu'il ne suffit pas de vacciner l'animal», explique-t-elle tout en ajoutant qu'il y a aussi un grand déficit en matière de gestion des risques. «Le problème c'est que nous attendions toujours que la catastrophe se présente pour bouger, alors que notre travail nécessite l'anticipation et l'aptitude d'être toujours prêt à agir. Plus grave encore, nous n'avons aucune étude d'analyse des risques à notre niveau...», revient-elle à la charge. Enfin, le Dr Akali conclut : «Tant que la science reste otage de l'administration et de la bureaucratie, l'Algérie ne sera jamais immunisée.»