Hélène Le Gal, conseillère Afrique de l'Elysée, effectue aujourd'hui une visite à Alger. La date de cette visite n'est pas fortuite. Elle fait suite à la tenue, la semaine dernière à Alger, du Comité bilatéral stratégique algéro-malien sur le Mali et se déroulera en prélude de la tenue début septembre (le 1er ?) au dialogue inter malien qui se tiendra aussi à Alger et qui a accusé un report «consensuel» (dixit MAE algérien). Au-delà du problème malien, la conseillère de l'Elysée vient dans une conjoncture tout à fait singulière, caractérisée par la gravité de la situation dans toute la région Afrique et sur laquelle même la muette algérienne a tiré la sonnette d'alarme. La conseillère Afrique de François Hollande n'en est pas à sa première visite à Alger. Le 12 novembre en préparation du sommet Elysée-Afrique sur la paix et la sécurité qui a eu lieu en décembre dernier à Paris. C'est dire que la conseillère, et plus globalement le pouvoir français, sait que sans Alger, les solutions dans la région sont illusoires. La France est aujourd'hui convaincue que sans Alger ses prétentions initiales à régler le problème malien avec l'opération militaire Serval ont été illusoires. Le Mali n'est toujours pas «pacifié» ; les groupes armés sont toujours là, leurs revendications plus fortes que jamais, et au grand dam de son président Ibrahim Boubaker Keita, ces groupes armés revendiquent jusqu'à l'intégration de leurs troupes dans l'armée régulière et la promotion de beaucoup d'entre eux au grade de «général ». Ayant réussi toutefois à les faire venir à la table des pourparlers, ce fut là un exploit de la diplomatie algérienne qui a réussi à faire adopter par les autorités maliennes et les 6 groupes armés présents une feuille de route pour les phases à venir ; un arrêt des hostilités et un engagement à lutter contre les groupes terroristes qui sévissent dans le nord du Mali. Le succès enregistré lors de la première phase des pourparlers d'Alger ne doit surtout pas masquer les problèmes de fond qui restent à régler pour aboutir enfin à un accord de paix. «Ce sera achevé dans des semaines et non des années» a déclaré le MAE algérien M. Lamamra à l'issue de la tenue, jeudi dernier à Alger, de la 6e session du comité bilatéral stratégique algéromalien. Simples paroles d'encouragement d'aller de l'avant ou maîtrise réelle de la situation par les chefs de file des négociations ? On serait plutôt d'accord sur cette deuxième hypothèse sachant la détermination de notre MAE. Les faits sont toutefois têtus et la dégradation de la situation dans toute la région peut faire tout basculer même si au Mali des lueurs d'espoir sont là. Ce que vivent certains pays du continent africain est révélateur de l'échec cuisant de l'intervention française dans cette région. Fallait-il consacrer autant de moyens, notamment militaires, pour préserver ses intérêts pétroliers et plus globalement économiques dans la région ? Aujourd'hui en France et particulièrement en cette phase de croissance nulle dans l'Hexagone, des voix s'élèvent pour dire non et assez au recours par Paris aux interventions de stabilisation et aux opérations militaires coûteuses : Epervier au Tchad ; Licorne en Côte d'Ivoire ; Serval puis Barkhane au Mali, Sangaris en Afrique Centrale. Et enfin l'intervention «libératrice» en Libye qui a mis ce pays KO et qui en a fait une réserve de terroristes, menaçant tout le continent. C'est du Mali que discutera bien sûr l'envoyée de Hollande aujourd'hui avec ses homologues algériens, mais en cette conjoncture particulière, les discussions ne se limiteront pas au Mali. « La situation régionale a connu des développements périlleux, caractérisés par la recrudescence des actes de violence et la détérioration préoccupante de la situation sécuritaire à nos frontières.»C'est l'armée algérienne qui le déclare dans son dernier édito de la revue Eldjeïch. Et comme les deux parties - algérienne et française - considèrent que «la sécurité régionale constitue un enjeu incontournable de leur relation» et qu'il y aurait «convergence de vues sur l'importance de la lutte contre le terrorisme et de la gestion des frontières» , l'on est tenté de penser que le Mali ne sera pas le seul point de discussion ce jour avec l'envoyée Afrique de Hollande.