Les éditions passent et se ressemblent pour la fête de la figue de Lemsella organisée assidument depuis août 2007 par l'association Tighilt en collaboration avec le comité de village. Celle de cette année organisée du 4 au 6 septembre a été inaugurée jeudi matin par le P/APW de Tizi- Ouzou. Le P/APW a décidé de reconduire la cagnotte de 100 millions de centimes à l'association pour faire aboutir ses fiches techniques malgré la récession qui commence à s'abattre sur le budget de l'institution de l'APW, a-t-il indiqué en soulignant le rôle de l'association Tighilt dans la préservation de ce fruit symbole, dont la célébration est aussi celle du terroir. Depuis le lancement de l'initiative, l'association s'est attelée à sensibiliser à la pérennité de cette culture en déclin et à poser la problématique de sa survie aux autorités compétentes. À savoir, replacer cette culture ancestrale dans la chaîne de développement au même titre que l'olive, les agrumes et autres cultures vivrières. À ce propos, le vice-président de l'association Hamel Mohand déplore que les demandes de projets de développement de cette culture par le biais du Ppdri établies depuis trois ans, comme la réalisation d'une pépinière et d'une unité de séchage, attendent toujours une réponse de l'Etat. Pour l'heure, l'association qui a lancé l'initiative d'une petite pépinière expérimentale locale destinée à sauvegarder les espèces menacées de disparition, se contente de rassembler les spécialistes et les principaux concernés pour la préservation du patrimoine qui constitue avec l'olivier la principale ressource agricole locale. Selon le représentant de la DSA qui a évoqué l'aide de 500 000 plants du ministère de l'Agriculture au profit des agriculteurs dont les oliveraies ont été ravagées par les flammes l'été dernier, il n'a pas été relevé de demande particulière en figuiers a-t-il indiqué tout en faisant part de la disponibilité de sa direction à aider et à collaborer avec les agriculteurs pour réfléchir avec eux sur un programme de développement de la culture de la figue, victime selon lui, du morcèlement des terres, d'où cette idée de projets de développement par zones. Une culture par ailleurs victime du réchauffement climatique selon le fellah Araur Lounès qui s'inquiète de son avenir à cause du décalage des saisons : «l'année ne comporte que deux saisons, l'hiver et l'été. Et si l'année dernière la production a été victime des intempéries, cette année elle a fait les frais de la sécheresse», s'indigne-t-il. Le cachet traditionnel, lié au patrimoine immatériel accordé à cette édition, a constitué le thème de l'ouverture de la fête qui a revisité le concept de boucle, un code de comportement social destiné à gérer la période de récolte en synchronisant la date de la cueillette par la levée de l'interdiction qui intervient à maturité du fruit. Un recueil de proverbes sur la figue et les moralités tirées de chaque citation, maxime et adage, a constitué le thème d'une table ronde avec les fellahs suite à un travail de Houri Mahmoud qui a planché sur ce travail de vocabulaire de la culture du figuier depuis plusieurs années à la radio. Cela alors que tous les jours à partir de 10h, les visiteurs sont conviés aux expositions-dégustations et vente de figues fraîches et autres produits (miel, huile d'olive, fromage) avec la participation d'associations et de producteurs.