Du latin sexta ou 6e heure du jour, la sieste correspond à ce somme que l'on s'accorde juste après le déjeuner. Si certains considèrent cette parenthèse comme du temps perdu, d'autres ne peuvent s'en passer. En tout cas, les professionnels de la santé sont formels : la sieste est bénéfique tant pour les adultes que pour les enfants. Elle réduit le stress, apaise les tensions, donne un coup de fouet à la mémoire et favorise la créativité. Selon l'écrivain français Bruno Comby, auteur de l'Eloge de la sieste, un somme de 20 minutes après le repas de la mi-journée permet de gagner deux heures de sommeil. On connaît tous le coup de pompe du début d'après-midi juste après le déjeuner. On somnole et on n'a qu'une envie : se mettre à l'horizontale et faire un petit dodo. Idée qu'on finit par chasser de notre tête. Le boss fait sa ronde et de toute façon il n'y a ni canapé ni même un sac de couchage. A regret, on se dirige vers la machine à café pour nous servir un breuvage bien serré, seul moyen de maintenir nos paupières ouvertes. On attendra le week-end impatiemment pour siester. La sieste, vous vous y adonnez ? Un peu, beaucoup, ou jamais ? Petit tour d'horizon : Mohamed, 43 ans Mohamed a grandi à Biskra. Il se souvient des longs après-midis de sieste imposés durant les vacances d'été par ses parents à cause de la canicule. «Avec mes frères et sœurs, on ne pensait qu'à jouer. Mais nos parents nous imposaient une sorte de couvre-feu aussitôt le repas de midi avalé. Des nattes en halfa étaient déployées et nous étions obligés de garder le silence jusqu'à cinq heures de l'après-midi. Le petit garçon que j'étais a vécu ces moments comme un cauchemar. A la moindre parole ou fou rire échangé avec mes frères et sœurs, j'étais rappelé sévèrement à l'ordre par ma mère. C'est ce manque de liberté qui a fait que j'ai toujours détesté la sieste. Même aujourd'hui, je considère ce moment comme une perte de temps. Je suis hyper-actif et profite de mes weekends pour bricoler ou sortir en famille. En tout cas, je n'ai jamais imposé à mes enfants de faire une sieste.» Zohra, 65 ans Depuis qu'elle a pris sa retraite, Zohra ne zappe jamais ce petit moment de détente, juste après le déjeuner. «Pour moi la sieste c'est sacré. Je suis tellement accro à ce petit somme du début d'après-midi que lorsque j'en suis empêchée pour une raison ou une autre, je me sens mal (maux de tête, fatigue, vertiges, irritabilité...). Depuis ma retraite, j'ai pris l'habitude de m'allonger vers 13 h dans la pénombre et le calme de ma chambre. Je ferme les yeux et m'abandonne à ce sommeil requinquant. Mon organisme est réglé comme du papier à musique. Ma sieste ne dépasse jamais 30 minutes. Au-delà, je me réveille mal fichue. Si j'ai une sortie l'après-midi (visite à une amie, mariage...), je la programme toujours après ma sieste. Cela m'aide ensuite à rester en forme jusqu'au soir.» Samira, 37 ans Samira est femme au foyer. Mère de deux enfants de 3 et 5 ans, elle leur impose de se reposer chaque début d'après-midi. «Après avoir vaqué aux tâches ménagères toute la matinée, j'éprouve le besoin de souffler un peu. Alors j'ai imposé une règle à la maison : une sieste obligatoire pour les enfants. Et j'en profite pour faire de même. A leur réveil au bout d'une heure, les petits sont plus calmes et moins agités. Tout le monde peut alors reprendre ses activités dans la bonne humeur.» Khaled, 42 ans La sieste est un moment privilégié pour Khaled : «La semaine, quand je suis au travail, je résiste difficilement à cette envie de me mettre à l'horizontale. Il me faut un café bien serré pour me tenir éveillé. Mais le week-end, je ne boude jamais ce plaisir. En hiver, j'aime bien me lover dans le canapé sous ma couette. Peu à peu la chaleur m'envahit et je me laisse aller à une douce torpeur. L'été, quand je me trouve au bled, je m'allonge pour un somme à l'ombre d'un olivier. Brise légère et senteurs bucoliques : c'est le paradis sur terre. J'aime faire la sieste mais n'en abuse jamais. Une petite demi-heure au maximum. Sinon gare à la nuit blanche. Pour moi, la sieste est un art de vivre.» Le concept de la sieste au boulot commence à faire son petit bonhomme de chemin. Au Japon, certaines sociétés l'imposent aux employés afin d'accroître leur rendement. Aux USA, le «power nap» (la sieste revigorante) fait des adeptes. Cette formule a été expérimentée avec succès notamment chez Nike et Google. En permettant à leurs salariés d'effectuer une coupure, ces entreprises sont sûres qu'ils seront plus performants. A quand la généralisation de la sieste au bureau chez nous ? Wait and see !