L'affaire «des magistrats faussaires» ou, plus généralement, celle des «faux moudjahidine» refait surface ! Cette affaire, portée par Benyoucef Mellouk depuis 1992, vient encore une fois d'être traitée en catimini par la Cour d'Alger, le 21 septembre dernier, «sans que moi, ni mon avocat, Me Mokrane Aït Larbi ne soyons informés ni convoqués», dénonce l'infatigable Benyoucef Mellouk. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Mis en délibéré jusqu'au 12 octobre prochain, cette affaire, Mellouk en est profondément convaincu, «ne sera jamais traitée dans le sens de la vérité. Il n'y aura rien ! La preuve ? L'affaire est passée devant la Cour d'Alger sans que personne ne soit tenu informé ! Ni moi, ni mon avocat !». Pour notre interlocuteur, que nous avons rencontré hier mardi, les choses sont claires : «Je ne ferai jamais confiance à la justice algérienne gérée par cette gangrène (...) Cela fait 22 ans que je mène ce combat. J'ai un dossier étoffé que j'ai remis à la justice, aux autorités et à la presse. C'est devenu même l'affaire la plus médiatisée en Algérie. Or, les faits sont là. Le régime de la maffia politico-judiciaire est toujours là. Ces gens-là me connaissent et je les connais parfaitement. Moi, je les défie : s'ils détiennent le moindre dossier sur moi, qu'ils le rendent public !». Ancien moudjahid et ancien cadre du ministère de la Justice, Mellouk ne mâche pas ses mots : «Cela fait 22 ans que ça dure et aucune des personnes que j'ai dénoncées n'a été poursuivie à nos jours ! Il faut dire que ce n'est pas tant le «nombre» que la «qualité» de ces «faux moudjahidine» qui rend l'affaire Mellouk explosive. Les indus ayants droit, les «faux moudjahidine» liés à la révolution sont innombrables. C'est de notoriété publique. Mais ceux que dénonce Mellouk sont, selon son expression, «des intouchables». Il précise : «Je cite, entre autres, deux proches de deux chefs d'Etat, le frère de Ali Kafi et le cousin de Abdelaziz Bouteflika. Il y a également de nombreux anciens ministres comme Mohamedi, Kherroubi, Djeghaba, de même que bien d'autres proches à de hauts responsables, civils ou militaires». C'est ce qui explique, selon lui, les lenteurs voire même les «complicités de la justice. Même l'ancien président de la Cour suprême était témoin en ma faveur dans cette affaire, avant d'accéder aux responsabilités. Depuis, il a fini par s'éclipser...». Malgré son pessimisme quant à une issue judiciaire» du dossier et les pressions subies en 22 ans de combat durant lesquels il sera déchu de ses droits civiques pendant 16 années, notre interlocuteur se dit déterminé à ne jamais se taire ! «Je le fais par devoir à l'histoire de notre Révolution et pour les générations futures». Car, il est convaincu d'une chose aussi : «Pour que la vérité éclate un jour, il nous faut d'abord un président de la République courageux, dans ce pays ruiné par la corruption et l'injustice et qui pourrait effectivement opérer une véritable épuration dans ce système.»