Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, vient de signer le décret portant fin de mission pour les antennes du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) au niveau des institutions, notamment les ministères, les administrations et les grandes sociétés économiques, avons-nous appris de source bien informée. La mesure vient compléter les démembrements effectués auparavant au sein du DRS. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Le décret présidentiel portant, donc, évacuation formelle du DRS des institutions de la République et des grandes sociétés économiques fera partie, explique notre source, de la gamme des décrets non publiables. La décision de mettre fin aux missions des antennes du DRS au niveau des ministères et autres institutions et grandes entités économiques publiques serait l'acte culminant et parachevant l'entreprise de restructuration des services de renseignement entamée une année avant l'élection présidentielle d'avril 2014 et qui a vu Abdelaziz Bouteflika briguer et obtenir un 4e mandat d'affilée. Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saâdani, le chef de parti qui s'était tout particulièrement distingué à travers des attaques soutenues contre le DRS, appuyant alors l'entreprise présidentielle, était le premier à lancer la surenchère politicienne autour de la présence des officiers du DRS dans les institutions. «Personnellement, je ne comprends pas pourquoi les militaires sont présents aux APC, dans les différentes administrations, etc. Pourquoi le DRS mène des enquêtes d'habilitation pour les cadres alors que c'est une prérogative de la justice ?» vociférait-il dans une déclaration à l'agence de presse britannique Reuters. Amar Saâdani ayant, au moment de la déclaration, on se le rappelle, le ton à la fronde contre le département du renseignement et de la sécurité, personne n'a deviné qu'il déclinait en fait une perspective intégrant le programme présidentielle de restructuration de l'armée. Même les observateurs les plus perspicaces ont manqué d'y voir un signe annonciateur du renvoi programmé du DRS des institutions de la République, du moins au plan formel. Pourtant Saâdani, relayé par moments par certains leaders de l'opposition politique, se fera singulièrement insistant à réclamer ce qu'il désigne par un «Etat civil». «Le DRS continuera à jouer son rôle mais ne sera plus impliqué dans la vie politique, dans les partis, les médias et la justice», affirmait-il encore, l'air de quelqu'un qui était dans les secrets de l'alcôve. A l'approche de l'élection présidentielle d'avril 2014, le, président de la République avait mis en branle l'immense chantier de la restructuration du DRS, une restructuration que d'aucuns, la presse notamment, n'ont pas hésité à qualifier de démembrement. Cette restructuration, qui s'était également accompagnée de mises à la retraite de hauts responsables du renseignement, a concerné, entre autres, le rattachement du service de presse et du service de la sécurité de l'armée à l'état-major de l'ANP. Réagissant, on s'en souvient, aux nombreux commentaires dans la presse et qui suggéraient une guerre ouverte entre le DRS et la présidence de la République, le chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, a dû sortir de sa réserve et expliquer qu'il s'agissait d'une restructuration et modernisation de l'armée prévues de longue date.