En visite de deux jours, jeudi et vendredi derniers à Béjaïa, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a estimé que les crimes «abjects et inhumains» commis par l'armée coloniale française à l'encontre des Algériens sont «impardonnables». «Nous ne demandons pas le pardon de la France. Mais, nous continuerons à témoigner des crimes, tortures et les massacres que la France coloniale a perpétrés en Algérie durant la période coloniale à travers des conférences, colloques, commémorations et les célébrations. Nous témoignerons de ces crimes abjects et inhumains jusqu'au jour où naîtra en France une génération qui reconnaîtra le tort commis à l'encontre des Algériens, se repentira et demandera pardon. Lorsqu'on nous demandera pardon nous refuserons d'accepter car ces crimes sont impardonnables», a déclaré le ministre des Moudjahidine en visite à Béjaïa dans le cadre de la commémoration de la répression sanglante et le massacre de manifestants algériens le 17 octobre 1961, à Paris, par la police française sous les ordres du sinistre Maurice Papon. Il faut rappeler qu'une manifestation d'Algériens dans la capitale française à l'appel du FLN pour réclamer l'indépendance de l'Algérie a été sauvagement réprimée par la police française, tuant des centaines de manifestants algériens dont des dizaines ont été jetés dans la Seine. Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a fait cette déclaration au centre de tortures d'Aokas, érigé par l'armée coloniale. Dans son intervention, le ministre des Moudjahidine s'est engagé à octroyer une enveloppe financière pour la réhabilitation de ce centre de torture à Aokas qui constituera, selon lui, un témoignage vivant de la barbarie du colonialisme français. «Un programme de réhabilitation des centres de torture et autres édifices ou endroits qui témoignent des crimes de l'armée coloniale française a été arrêté pour servir de témoins aux jeunes et aux générations futures», a annoncé Tayeb Zitouni. A son arrivée à Béjaïa, dans la matinée de jeudi, le ministre des Moudjahidine et la délégation qui l'accompagnait se sont rendus dans la municipalité historique d'Ifri Ouzellaguene pour visiter le Musée du Congrès de la Soummam. Lors de son déplacement, le ministre a promis de prendre en charge les travaux de réhabilitation et d'extension de ce site historique, le lieu où avait été tenu, le 20 août 1956, le Congrès de la Soummam. «Béjaïa est la mère de la révolution algérienne. Je ne le dis pas pour vous jeter des fleurs. C'est dans cette région que la révolution a été structurée. S'agissant de la réhabilitions du site, nous dégagerons un montant financier de 3 milliards. Pour le cimetière des chouhada, il faut recourir à un montage financier entre la wilaya, l'APW et l'APC», a signalé le ministre des Moudjahidine, qui s'est recueilli à la mémoire des martyrs de la guerre de Libération nationale, en déposant une gerbe de fleurs au cimetière des Martyrs. Au niveau du chef-lieu de wilaya de Béjaïa, Tayeb Zitouni a inauguré une annexe du musée du Moudjahid, dédiée «à la mémoire et à la recherche historique». «Ce lieu doit être ouvert à tous, aux jeunes, étudiants, chercheurs, pas seulement à la famille révolutionnaire. Nous avons mis à votre disposition tous les moyens nécessaires pour enregistrer, filmer et écrire en vue de collecter des informations et conserver l'histoire de la révolution», a affirmé le ministre au directeur du musée. En réponse à une question sur le dossier des archives, Tayeb Zitouni a indiqué «que le plus important des archives est en Algérie». Et d'ajouter que des accords sont signés entre l'Algérie et la France pour permettre aux historiens d'utiliser les archives se trouvant à l'étranger. Lors de la même visite dans la wilaya de Béjaïa, le ministre des Moudjahidine a inspecté le projet de réalisation d'un centre de repos au profit des moudjahidine et ayants droit, au niveau de la commune côtière de Souk-El-Tenine. Le montant alloué pour ce projet s'étalant sur une superficie de 11 182 m2 est évalué à 34 milliards de centimes. L'infrastructure renfermera, entre autres, 60 suites, 120 lits et une unité de soins avec piscine couverte.