L'écrivain Mohammed Sari a présenté récemment sa dernière œuvre en langue arabe intitulée Essai sur la pensée et la critique littéraires. L'œuvre est «un recueil d'articles sur la création et la critique littéraires, rassemblés au niveau de la thématique concernant la littérature et la violence», nous dira l'auteur qui précisera plus loin : «Ce sont des articles sur les œuvres condensées et compilées depuis une dizaine d'années, dont plusieurs articles ont été publiés en Algérie et dans le monde arabe». Mohammed Sari, qui est professeur de sémiotique à l'université d'Alger, est aussi écrivain, critique littéraire et traducteur dans les deux langues, arabe et française, de romans d'écrivains algériens à l'instar de Mohamed Dib et sa trilogie Algérie, dont L'incendie, Le métier à tisser et La Grande Maison, ainsi que la trilogie nordique de Dib, mais aussi les œuvres de Yasmina Khadra, Anouar Benmalek, Malika Mokeddem, Maïssa Bey. Mohammed Sari a aussi publié de nombreux romans en arabe et en français, dont Le Labyrinthe, Essaï (l'enfer), la carte magique, mais aussi un monumental ouvrage Le Naufrage, où on retrouve neuf nouvelles, et où l'auteur évoque la part d'humanité que portent ses personnages et les douleurs qu'ils accumulent. L'auteur écoute ses personnages et fait parler leurs frustrations et leurs pulsions. Ces neuf nouvelles dédiées aux souffrances humaines semblent rejoindre celles évoquées dans Le Désert des Tartares de Dino Buzzati et où on retrouve le lieutenant Drogo, isolé en plein désert et croyant dur comme fer à une vaine célébrité, jusqu'à sa mort. La dernière œuvre en langue arabe présentée par Mohammed Sari à Tipasa et intitulée Essai sur la pensée et la critique littéraires lui a permis d'affirmer avec force : «J'ai puisé de mes œuvres la manière et la façon dont je les ai conçues et qui dénotent en fait de leur influence dans le romanesque algérien et arabe notamment dans leur vision du monde, dans la transmission de la réalité avec l'émergence d'un certain fantastique, du légendaire et du mythe», dira Sari. Mohammed Sari évoquera très souvent le concept de «gouvernementalité» cher à Charles Foucault, philosophe et spécialiste en psycho-pathologie à travers son œuvre qui y est dédiée à l'«histoire de la folie». M. Sari tout en abordant à travers ses déclarations les «théories de narration littéraires» et «les limites de l'interprétation», en se référant à l'Italien Umberto Eco, le spécialiste de la sémiotique et de la philosophie du langage, semble mettre en évidence l'impact de cette école philosophique sur son rôle de professeur de sémiotique, dénotant en cela d'un large éventail de connaissances, tant philosophiques, psychologiques que littéraires. Nonobstant cette tendance et cette référence à l'école prônée par Umberto Eco, il convient de ne pas éluder l'œuvre de Sari, Le Labyrinthe, qui dénonce le régime de terreur instauré par les intégristes. Interpellé à ce sujet par des médias, l'auteur dira en substance : «L'idéologie intégriste quand elle est véhiculée dans une société qui est frappée par la crise économique, par l'analphabétisme et par l'ignorance, génère un état mental où l'extrémiste croit posséder la vérité absolue, et à partir de là il a le droit divin de pouvoir éliminer toute personne qui est différente, qui pense différemment».