«L'autorité et ses discours.» C'est le thème que traite le colloque international qui se déroule ( du 19 au 21 octobre 2014) à la bibliothèque centrale de l'université M'hamed-Bougara de Boumerdès (UMBB). Les organisateurs de ce conclave, les responsables, les enseignants et chercheurs du département langues et littératures étrangères de cette université se sont d'abord posé des questions avant de donner la parole aux intervenants. «Qu'est-ce-que l'autorité ? Comment se manifeste-t-elle ? On sait, depuis "Michel Foucault", qu'elle peut prendre des facettes multiples, souvent subtiles, on sait surtout qu'elle est indissociable du discours. Sans surveiller et punir, Foucault explique que des institutions en apparence plus ou moins neutres, telles que l'école, l'hôpital ou l'art, déploient des mécanismes discursifs pour établir des normes et des hiérarchies. L'autorité serait détenue par les représentants de la norme, par ceux qui occupent le haut de la hiérarchie. Elle semble bien définie et indissociable de l'ordre établi...» écrivent-ils, entre autre, dans le préambule de leur fiche d'introduction des travaux de ce séminaire. L'école d'hier et d'aujourd'hui : vers l'effondrement de l'autorité pédagogique ; c'est l'intitulé de la conférence animée par Habiba Benaouda et Fatma-Zora Boukerma de l'UMBB. «La réalité scolaire montre que l'autorité éducative, de par son discours, est en confrontation avec les valeurs éducatives d'une société en pleine métamorphose», affirment les deux animatrices. De son côté, Kamel Omar, enseignant au département organisateur de ce conclave, se penche sur l'utilisation du symbole pour imposer une autorité. Il décortique à ce propos le cas de Jugurtha, roi de Numidie, qui a utilisé son discours pour aller, du refus de l'autorité (romaine) avant de s'en servir pour devenir une autorité combattante ; donc une autorité simplement. «Pour s'imposer comme symbole d'un leader combattant qui traite du respect de sa personnalité menant vers la construction de son identité, Jugurtha s'est préalablement identifié à un combattant libérateur», dira-t-il dans sa conférence intitulée : Jugurtha : du refus de l'autorité au statut de symbole d'une autorité pour cerner le personnage et suivre le cheminement du changement de position. Notre ancien confrère a étudié trois ouvrages pour argumenter son propos sur l'évolution de ce roi numide. Le premier texte est celui du Romain Salluste, qui traite de la guerre de Jugurtha, donc du discours colonial et du refus de cette autorité coloniale. Rambaud, qui fait honneur à ce roi numidien a, selon Kamel Omar, une position ambiguë par rapport à cette colonisation. Ce n'est par contre pas celle de Jean Amrouche qui a, dans son ouvrage L'Eternel Jugurtha, fait des louanges à un anti-colonisateur, qui devient tout de même une Autorité. Il y a lieu de relever que le département langues et litteratures étrangères de l'université M'hamed-Bougara a toujours proposé aux débats des thèmes extrêmement intéressants. C'est le cas du dernier séminaire organisé il y a quelques mois. Cette rencontre internationale a notamment étudié l'œuvre de Assia Djebar, écrivaine longtemps marginalisée par l'Université algérienne pour ses positions politiques modernistes. L'université de Boumerdès, par le biais de cette instance de l'UMBB, l'a en quelque sorte réhabilitée.