De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Rabat multiplie les contre-feux. Vainement. Le Sahara occidental reste central à Bruxelles. Beaucoup de monde à la projection du film Les enfants des nuages, dernière colonie le 17 octobre dernier à Bruxelles. Cette manifestation se tient chaque année dans la capitale belgo-européenne et met en lumière des sujets d'actualité. Le cru 2014 s'est intéressé particulièrement à la question sahraouie. Qui mieux que Javier Bardem, Espagnol, ami des libertés, de toutes les libertés, artiste et intellectuel dont le cerveau n'est pas au congélateur pour introduire le dossier. Le public, nombreux et de qualité, a répondu présent. A l'issue de la projection, les spectateurs ont interagi avec avec le réalisateur et le panel des intervenants sélectionnés pour parler du Sahara occidental. Parmi eux, Vincent Chapaux, chercheur au Centre de droit international de l'ULB (Université libre de Bruxelles), directeur de l'ouvrage Sahara occidental : existe-t-il des recours judiciaires pour les peuples sous domination étrangère, Hilt Tewwen du comité belge de soutien au peuple sahraoui. Les participants au colloque ont eu à interroger sur les «conditions de vie» dans les territoires occupés, «le silence des médias d'Europe» sur cette dernière colonie d'Afrique, la «légalité des accords signés par l'Union européenne avec le Maroc et englobant la façade atlantique du Sahara occidental». Il a été aussi beaucoup question des multiples atteintes aux droits de l'homme commises par le Maroc dans la partie du Sahara occidental qu'il colonise. D'une façon générale, il est à relever que les lignes bougent en faveur du peuple sahraoui en Europe-Bruxelles. Le gouvernement suédois s'apprête à reconnaître la République sahraouie (RASD) en tant qu'Etat, plusieurs nouveaux eurodéputés ont accepté de relancer au sein du Parlement européen (PE) le groupe «Paix pour le peuple» et, dit-on, en coulisses Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission européenne, ne serait pas hostile au peuple sahraoui et qu'il n'hésiterait pas à privilégier le droit international sur les machineries sournoises. Le contraire de son prédécesseur, Manuel Berroso, qui passait beaucoup de temps à manœuvrer en faveur d'intérêts sordides. Berroso, relevons-le, est celui pour qui l'intervention illégale et hors ONU est arrivée en Irak. Il n'hésite pas, alors qu'il était Premier ministre du Portugal, à servir la soupe à Bush pour son expédition punitive, dans ce que la presse désignera «le congrès des Açores». On comprend, maintenant, avec plus de recul pourquoi le Maroc, acculé de partout sur le dossier sahraoui, allume des contre-feux pour masquer le foyer de l'incendie. Le dernier scénario du Makhzen était sa provocation contre l'Algérie au niveau des frontières entre les deux pays. A l'évidence, le Festival des libertés à Bruxelles n'est pas tombé dans le piège et renvoie Rabat à son occupation illégale du Sahara occidental.