Les lampions se sont éteints sur la cinquantième édition de la Ligue des Champions d'Afrique. Samedi, au stade Tchaker de Blida, l'ES Sétif a réconcilié les Algériens avec les joies des titres interclubs africains. Un sacre qui vient mettre entre parenthèses la douleur générée par le marasme vécu par le sport-roi en Algérie en dépit des exploits de la sélection nationale ces dernières années. Douze ans après le sacre de la JS Kabylie, en coupe de la CAF, devant les Egyptiens d'El-Ismaïly, le football réapprend à goûter aux sacres africains dans les compétitions des clubs. Des épreuves qui ont souvent souri aux clubs égyptiens, tunisiens et nigérians avant de devenir, ces dernières éditions, l'apanage des riches clubs de la RD Congo, le TP Mazembe en particulier du président Moise Katumbi. Pour le meilleur des représentants algériens, aller à la phase des poules est devenu un inaccessible objectif, un miracle. Et le miracle sétifien eut finalement lieu à l'occasion de cette 50e édition à laquelle l'Aigle noir, tout autant que le CSC, a failli ne pas s'aligner en raison du «conseil» de la FAF «soucieuse» de ne pas altérer davantage l'honneur du ballon rond algérien dans le concert international. La sourde oreille des responsables de l'ESS, Hassen Hamar en premier, qui avaient défié les états-majors du football en Algérie aura été une attitude salutaire puisque, au bout de quatorze matches disputés (les deux confrontations face à Steve Biko n'ont pas eu lieu suite au forfait des Gambiens) au cours de cette épreuve, l'Entente a fini par réaliser un rêve vieux de 26 ans pour les fans de Kahla ou Beida. Malgré les «variations» subies par le club d'Aïn Fouara durant l'intersaison et la crise financière qui a failli tout emporter, les Bianconeri ont réalisé un parcours de champion. L'équipe drivée par le jeune Madoui (37 ans) a, durant les quatorze rencontres jouées, remporté six victoires dont trois à l'extérieur (à Garoua face au Coton Sport du Cameroun, à Tunis face à l'EST et à Bizerte contre les Libyens du Ahly de Benghazi), décroché sept résultats nuls et concédé une seule défaite (face au TP Mazembe, à Lubumbashi, lors de la demi-finale «retour»). L'équipe sétifienne a inscrit 23 buts et en a encaissé treize dont six à domicile. Cerise sur le gâteau, son attaquant El-Heidi Belameïri, auteur de six réalisations, a été sacré buteur de cette édition. Des chiffres et des lettres en or Ce sont des chiffres qui défient ceux qui trouvaient en cette formation sétifienne, il est vrai sans grande expérience ni vedettes, un vainqueur par défaut. Celui qui a profité de la faiblesse de ses adversaires. Battre l'ES Tunis dans son jardin de Radès et faire autant devant le Coton Sport de Garoua n'est pas une mince affaire. Que dire alors de cette performance réussi par Ziaya et consorts en terre congolaise, d'abord face au TPM puis, en finale «aller» contre l'AS Vita Club sinon qu'elle a été tout simplement exceptionnelle. Certes la manière, surtout du match de Blida, ce samedi 1er novembre, n'y était pas totalement. Mais fallait-il seulement bien jouer et plaire pour remporter un trophée qui fuit les clubs algériens depuis 26 ans ? Même les grandes nations du football, les champions du Monde allemands par exemple, n'avaient enchaîné que de belles prestations pour obtenir le titre au Brésil, l'été dernier. Brahimi, Feghouli et autre Slimani ont fourni leur meilleur match, en coupe du Monde, justement face à la Mannschaft qui, au finish, a soulevé le trophée face à l'Argentine, finaliste malheureux malgré la présence de ses stars Messi, Higuain, Aguero et autre Zabaleta. Non, le sacre de l'ESS ne peut souffrir de doute tant les camarades de Khedaïria ont accompli, sur l'ensemble de cette édition, un parcours de champions. Les Aigles noirs ont écrit une page en lettres d'or dans la tumultueuse histoire du football algérien. Un sport-roi qui continue de nous décevoir par la qualité des matches livrés chaque week-end sur nos terrains, la déferlante des fous du stade et le climat de suspicion qui entrave la probité des arbitres. Pour une fois qu'une hirondelle illumine un ciel grisonné par tant de bêtises, saluons les vaillants footballeurs d'Aïn Fouara.