Le Pr Kamel Senhadji n'exclut pas l'arrivée du virus Ebola en Algérie. En l'absence d'une prise en charge efficiente, ce chercheur craint que la panique ne prenne le dessus. Rym Nasri - Alger (Le Soir) Les pouvoirs publics doivent prendre plus au sérieux la fièvre Ebola qui frôle nos frontières. Selon le directeur de recherche en immunologie au CHU de Lyon (France), le politique doit associer le scientifique pour une meilleure prise en charge de cette maladie. «L'Algérie n'est pas habituée à gérer une épidémie. Dans la situation d'une transmission d'un premier cas d'Ebola, nous pourrons facilement céder à la panique», a-t-il souligné hier, à Alger. Il recommande ainsi la mise en place d'une structure spécifique chargée du traitement du virus Ebola et du développement d'un vaccin efficace contre cette maladie. Un investissement qui nécessite, précise-t-il, des moyens matériels et des compétences. Evoquant par ailleurs le sida, le Pr Kamel Senhadji indique que les chiffres algériens, des personnes atteintes par le VIH qui avoisinent 10 000 cas, sont le résultat de cas diagnostiqués. «Ils sont loin de refléter la réalité. Même le ministère de la Santé reconnaît qu'il y a beaucoup de cas qui échappent», dit-il avant de rappeler que l'incidence de contamination par ce virus en Algérie est de 0,1%. L'annonce de la mise en place de 7 centres de diagnostic du VIH par le ministre de la Santé n'est pour ce scientifique qu'«une autre façon de reconnaître que plusieurs cas de sida n'ont pas été identifiés». Seulement, poursuit-il, «il faut que ces centres soient fréquentés d'autant que le diagnostic est gratuit et anonyme». Une opération à laquelle le Pr Kamel Senhadji émet le souhait de voir plusieurs départements ministériels (éducation nationale, enseignement supérieur, affaires religieuses...) s'impliquer pour la sensibilisation. Il estime que si cette opération s'accélère et que les centres soient opérationnels, le nombre de cas touchés par le VIH va s'approcher davantage des chiffres réels. S'agissant du traitement de cette maladie, l'immunologiste assure que l'Algérie dispose des mêmes traitements disponibles en Europe. Toutefois, il déplore que seuls 50% des cas sont pris en charge médicalement. «L'Algérie peut mieux faire pour que le traitement (trithérapie) soit accessible à toutes les personnes atteintes de cette maladie», dit-il encore.