La France ne veut plus d'imams salafistes chez elle. Cette question a constitué l'essentiel du programme de la visite, à Alger, du ministre français de l'Intérieur et du culte, Bernard Cazeneuve, jeudi dernier. Une convention a été signée à l'occasion entre Alger et Paris portant sur la formation des imams algériens appelés à exercer en France. En amont et en aval. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) «Il est important qu'il y ait des imams formés en harmonie avec les exigences de la République française, qui permettent de lutter contre le dévoiement, l'abaissement de la religion musulmane. Nous avons tous été indignés par des actes terroristes abjects et barbares et qui n'ont rien à voir avec la religion musulmane», a affirmé le ministre français lors d'une conférence de presse qu'il a animée, jeudi, à la résidence de l'ambassadeur de France à Alger. «Nous avons eu une excellente réunion avec Mohamed Aïssa sur cette question» et à l'issue de laquelle la convention a été signée. Il est entendu que, désormais, les imams algériens appelés à exercer en France «subissent» une double formation. D'abord celle en Algérie dispensée pour les imams algériens et que le ministère des Affaires religieuses a récemment revue dans le sens de se prémunir de l'intrusion du courant salafiste et radical. Ensuite, «ils doivent peaufiner leur formation à l'institut El Ghazali, en France, et qui dépend de la Grande-Mosquée de Paris», avait déclaré à l'issue de la signature, Mohamed Aïssa qui demandera aux imams de tenir compte «des valeurs de citoyenneté, du caractère républicain et du respect de la laïcité en France». Par ailleurs, une seconde convention a été signée entre le ministre français et son homologue Tayeb Belaïz, «une excellente idée de mon homologue algérien et que j'ai acceptée immédiatement», commentera Cazeneuve, et qui consiste en la mise sur pied d'une commission mixte que présideront conjointement les secrétaires généraux des ministères algérien et français de l'Intérieur chargée du suivi de l'application des différents accords de coopération. Entre les deux départements mais aussi entre les deux pays. Le ministre français en citera pas moins de 135, dans divers domaines. Les entretiens avec Belaïz et Sellal ont également porté sur des questions politiques et sécuritaires tant au niveau bilatéral que régional, notamment au Sahel. Cela, même si Cazeneuve refusera d'en parler en conférence de presse, «n'étant pas de mon domaine de compétence mais de celui de mon collègue des affaires étrangères et celui de la défense». Il concédera tout de même qu'il a été question d'une coopération «dans la lutte contre les organisations du crime organisé et de la drogue», des «échanges dans les domaines de la police» de la coopération dans le domaine de la formation dans l'administration et les collectivités locales. L'affaire des moines de Tibhirine ? «Je vous renvoie aux déclarations claires de notre Premier ministre du 5 décembre dernier à Paris où il a salué la coopération des autorités algériennes» de même que dans l'affaire de l'assassinat d'Hervé Gourdel et dans la lutte contre le terrorisme, ajoutera-t-il en substance.