La visite, jeudi, du Premier ministre Abdelmalek Sellal à Paris confirme la tendance : les relations algéro-françaises n'ont jamais été aussi denses, aussi détendues que depuis l'arrivée au pouvoir, de la gauche version François Hollande. Pratiquement, plus de sujets «qui fâchent» au plan politique et, au plan économique, la coopération bat son plein. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) Sellal s'était rendu en France pour coprésider avec son homologue, Manuel Valls, «la deuxième session du comité intergouvernemental de haut niveau», une tradition convenue entre les deux parties à l'occasion de la visite d'Etat de Hollande à Alger en décembre 2012. Au cours de la conférence de presse commune entre Sellal et Valls à l'issue de cette session, les deux chefs des exécutifs algérien et français ont confirmé ce rapprochement. Lorsque Abdelmalek Sellal s'exprimait au sujet des affaires «moines de Tibhirine» et «Gourdel», il n'a pas manqué de rappeler, tout de même, qu'il s'agissait d'actes de terrorisme, commis par des terroristes. Il faut dire, en effet, que particulièrement, cette affaire des moines n'a jamais cessé d'être instrumentalisée par certains milieux en France. De connivence avec les islamistes et leurs alliés algériens conglomérés autour de la fameuse thèse dite du «qui-tu-qui ?», ils n'ont jamais désespéré d'attribuer cet abominable crime à l'armée algérienne ! «Cet acte a eu lieu à un moment où le pays connaissait une vague de terrorisme face à laquelle nous étions seuls et que nous avons chèrement payé avec 200 000 morts et des dizaines de milliards de dollars de perte», répondra Sellal qualifiant l'assassinat des moines de «drame douloureux» avant de souligner «l'excellente coopération judiciaire entre les deux pays» sur cette affaire. «Nous sommes totalement et définitivement sereins dans cette affaire». De même que Sellal, évoquant l'assassinat de l'autre ressortissant français, Hervé Gourdel, a réaffirmé la détermination de l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme. Au besoin, l'Algérie est prête «à rééditer sa réaction suite à l'attaque terroriste du site gazier de Tiguentourine», chaque fois que nécessaire. Le Premier ministre français dira exactement la même chose lorsqu'il s'exprimera sur les mêmes questions. «Nous savons combien l'Algérie a subi le terrorisme, l'a combattu victorieusement et elle l'a fait seule. De ce point de vue, nous ne devons pas oublier ce que cela a représenté à l'Algérie et aux Algériens de mener cette guerre contre le terrorisme». Aussi, tant pour l'affaire des moines que celle de Hervé Gourdel, Manuel Valls a eu à exprimer ses «remerciements pour le gouvernement algérien» pour sa coopération. Idem s'agissant de la coopération d'une manière générale, dans le domaine de la lutte antiterroriste. La France appuie par ailleurs totalement la médiation algérienne au Mali et son rôle sur le dossier libyen. Le réchauffement des relations entre Alger et Paris, on peut également «le lire» à travers le communiqué fleuve qui sanctionnera cette session. Rédigé par les services du Premier ministère français et convenu entre Sellal et Valls, on y trouve même quelques sujets tabous. «La guerre d'indépendance» lit-on par exemple dans ce communiqué, en parlant de la Révolution algérienne entre 1954 et 1962. Ce qui est considérable, côté français, où l'on évoquait cette période que sous des appellations édulcorées : «Evénements d'Algérie», «guerre d'Algérie», pas plus ! Le problème des archives, de la mémoire, des victimes et ayants droit des essais nucléaire français au Sahara ont aussi été évoqués dans ce communiqué. Cela, sans parler d'une dense coopération culturelle, économique, humaine, sécuritaire et même dans le domaine de la défense. Ce qui était tout simplement inimaginable il y a quelque temps.