J'écris, c'est ainsi qu'est sobrement intitulé un recueil de textes d'anciens et actuels élèves du lycée international Alexandre-Dumas. Illustré par les photographies de Kays Djilali, ce livre donne à voir la passion littéraire de ces lycéens, mais aussi leur vécu et leur univers intime. Coordonné par plusieurs professeurs de lettres, cet ouvrage collectif réunit plusieurs dizaines de textes, allant du journal intime au poème, en passant par la nouvelle, la prose libre ou l'anecdote. La première chose qui saute aux yeux du lecteur est évidemment la constance d'une maîtrise appréciable de la langue, ce qui révèle en premier lieu la qualité de l'enseignement prodigué dans ce lycée privé où sont placés les enfants des classes algériennes favorisées. Une grande partie de ces écrits sont concentrés sur la thématique de la vie de lycée, un chapitre de la jeunesse que beaucoup considèrent comme les plus beaux moments d'une vie. Beaucoup d'élèves vont donc célébrer ces instants d'insouciance, de franche rigolade et d'amitié qui accompagnent les années d'études secondaires. Cet état d'esprit est d'autant plus manifeste chez les auteurs que vraisemblablement Alexandre-Dumas s'avère être un espace plus propice que le secteur public à l'équilibre entre études et divertissement. C'est en tout cas la première lecture qu'on peut faire globalement de ce recueil qui, néanmoins, charrie d'autres thématiques et de différentes préoccupations. On peut en effet prendre la mesure, à travers certains textes, du rythme fastidieux de cet établissement, de la rigueur des cours et des examens, de l'exigence d'excellence qui décourage quelques-uns et en motive d'autres. La qualité littéraire varie et révèle chez certains un talent indiscutable, voire une vocation pour l'écriture tant le style y est soigné, l'émotion et la profondeur psychologiques y sont surprenantes. Chez d'autres, on retrouve plutôt une charmante naïveté et une langue assez rudimentaire. Ces écrits sont accompagnés de magnifiques photographies de Kays Djilali, prises dans l'enceinte du lycée et dans les salles de classe mais aussi de dessins réalisés par les élèves. Le premier ressort, devant les visages et les gestes de cette petite communauté, toute l'esthétique et la force graphique dont il nous a habitués auparavant. Mais les dessins et les aquarelles des lycéens ne manquent pas non plus de qualité et de maîtrise technique, preuve que l'éducation artistique n'est pas en reste dans le «LIAD» (abréviation de Lycée international Alexandre-Dumas, affectionnée par les élèves). «Ce livre est comme une respiration de l'établissement qui exalterait le plaisir d'écrire et de partager les années lycée. Ce sont des tranches de vie d'élèves couchées sur le papier. Les difficultés, les joies, les peurs, les amis, les amours, rien n'est oublié. Ce sont de beaux témoignages agrémentés de photos qui jouent avec les textes et les renforcent, sans doute les plus belles photos qui aient été prises du lycée», commente le proviseur du «LIAD» Marc Demeulmeester. Quant aux coordinateurs du livre, F. Benyounès et V. Robalo, respectivement professeurs d'histoire et de lettres, ils expliquent que le recueil a été écrit en à peine quatre mois et que l'idée est née d'une simple discussion entre collègues consistant à donner la parole aux élèves pour évoquer leur vie de lycéens. Cet avant-propos est par ailleurs clôturé par un joli détournement du premier verset coranique : «Ecris au nom de ta liberté, de ta vérité, au nom du souvenir ; pour la mémoire et le progrès, pour la modernité et l'ouverture ; écrit parce que ça en vaut la peine». Il est cependant dommage que ce livre ne soit pas distribué dans les circuits classiques et ne sera donc pas disponible en librairie. Il est destiné, selon les initiateurs, à un réseau interscolaire ainsi qu'aux bibliothèques internes de certains établissements.